La lumière scintille presque au rythme d’un cœur
Un parfum acidulé plane, ainsi qu’une insaisissable chaleur
Le fond sonore, trop léger pour être une musique, rythme
Les mouvements fluides de son corps gracile
Elle donne l’illusion de n’être point facile
En un sens, cela est vrai; cher est ce pantomime.
Elle est jeune, très belle; à elle seule, un mystère
Et je sais qu’elle s’efforce de tout son être à me plaire
Telles sont les vocations dans la maison Aisance
Et Rose, en cet instant, semble la meilleure de toutes
Sa main sur ma peau électrise mes sens
Toute innocence perdue quelque part sur la route
Son attrait, et surtout son allégresse factice
Ne me trompent sur la peur que je lis dans ses yeux
Une peur si profonde, désormais complice
Du supplice qu’est sa vie sous les cieux merveilleux
Pourtant c’est avec ardeur qu’elle m’incite au plaisir
Me fait croire qu’elle partage tout autant mon désir
Elle qui voudrait une fois encore être princesse
Avant que de battre son fragile cœur ne cesse
Je me laisse emporter dans son besoin farouche
Et pour un bref instant, fonctionne l’illusion
Grisé, languissant, allongé sur la couche
Je veux croire qu’elle est, de ma vie, la raison
Mais, au fond de moi, je sais une vérité sinistre
Sa peine fut si plaisante, et mon plaisir si pénible
Que je n’ose concevoir un autre soir ressemblant
L’amour ne devrait jamais être un faux semblant
Cependant le monde de Rose n’est pas un conte de fées
Et sa pauvre personne rien de plus qu’un trophée
Un gage accessible, et à si modeste prix !
Aujourd’hui, penché sur une stèle, je prie
Pour son âme esseulée, jadis prisonnière d’un corps
Qui connut tant de monde
Sans pour autant de la ronde
Profiter d’un quelconque réconfort
Pauvre personne, dis-je, ce n’est point vérité
Elle a donné bien plus que le monde ne méritait
La Rose n’est plus, tombés sont ses pétales
Et si son sang chaud ne fut celui d’une vestale
Je la pleure pourtant, même si peu s’en souviennent
Même si son affection n’était rien que chimère
Même si j’en garde un souvenir agréable et amer
Je la pleure en grande clameur dans mes veines
Même si elle n’était pas chaste, la Rose
Qui, en ce lieu triste et terrible, repose