ISBN : 978-2918719113
Auteur : Syven
Éditeur : Editions du Riez (11 janvier 2011)
Quatrième de couverture :
Londres, 1889. La guilde d’Ae protège les aethrynes depuis des siècles pour qu’elles se consacrent à leur tâche : garder piégés dans leur ombre de sinistres monstres avides de massacre, les gothans. Lorsque la secte des némésis s’attaque à ces prêtresses, l’organisation est ébranlée par la traîtrise de plusieurs agents d’importance. Les traqueurs William, Christopher et Heinrich, qui sont chargés de la protection de lady Eileen pour une nuit, n’imaginent pas les enjeux de la chasse dont ils feront bientôt l’objet. Mais dans l’ombre d’Eileen, attentif, « Il » sait ce qui est sur le point de se jouer.
Citations :
« Les journaux avaient beau dénoncer le laxisme impardonnable qui conduisait cette catégorie de la population à sa perte, il peinait à croire que les pauvres gamins hagards qui mendiaient du pain en étaient arrivés là de leur propre chef. »
Au Sortir de l’Ombre, p. 247
Mon avis :
Ayant suivi la création de ce livre, en mode lurker[1], sur l’excellent blog de Syven, où elle divulguait l’évolution du projet avec parcimonie et une bonne humeur communicative. Je peux dire que je suis certain d’une chose, c’est qu’elle y a travaillé sérieusement à son ouvrage. Et devinez quoi, cela se ressent à la lecture de ce roman.
L’intrigue est originale, et le brio de l’auteur réside dans le fait qu’elle a entre autre exploité la mythologie judéo-chrétienne pour créer un univers à part, dangereusement crédible.
Si je dois analyser l’ouvrage de manière détaillée, je commencerai donc par la forme pour terminer sur le fond.
En ce qui concerne la forme donc, je dois dire que j’ai été tout à fait bluffé ! Tout de suite, j’ai été entrainé dans le récit tant l’auteur use d’un style clair, précis, agréable et très visuel. Si les descriptions sont généralement lapidaires, elles n’en sont pas moins percutantes sinon pertinentes, de même que les dialogues. Ceci rend donc l’histoire non seulement facile à suivre, mais d’une dynamique presque cinématographique.
Le suspense est distillé avec maestria de sorte que le lecteur sans être frustré ne peut néanmoins se départir de l’envie de connaître la suite. L’intrigue est également bien ficelée, en ce qui me concerne, au trois quart du roman, je n’aurais pu deviner le dénouement. Premier constat donc, pour un premier roman, je trouve que Syven fait un sans-faute en évitant les écueils récurrents (descriptions trop alambiquées et inopportunes, rythme peu soutenu ou inégal, intrigue mal maîtrisée => Pourtant avec le nombre de rebondissements et de contingences, il y avait de quoi se casser les dents).
Sur le fond, comme je l’ai dit plus haut, l’auteur a su tordre selon ses désirs des mythes qui sont plus ou moins universels et de part ce fait a su profiter des sous-entendus et d’allusions pour créer un univers très riche et très réel.
Londres du XIXème siècle est également très bien rendu, avec cette ambiance haletante évoquant un Sherlock Holmes. Les différents protagonistes, à l’exception peut-être de lady Eileen (quoique après coup je conçois une telle personnalité par rapport à la tâche qui lui incombe, lol, mais shuuut on va pas vous spoiler la surprise), sont également crédibles sinon quelque peu archétypaux. Mais je pense que sur ce point, il n’y avait vraiment pas moyen de faire mieux avec une intrigue si fouillée et le même nombre de pages. Je suppose que c’était un choix que l’auteur a dû faire, et c’est dans l’ensemble un pari réussi.
Pour résumer donc, je trouve que le roman est une véritable prouesse. Le seul bémol que je puisse émettre, et c’est vraiment une question de goût personnel. J’ai trouvé l’univers assez fataliste, et j’ai regretté le fait que les personnages humains, malgré leur fougue et leur énergie n’aient pas plus eu à offrir sinon à décider (l’éternelle question du destin et du libre arbitre) et cela m’a laissé quelque peu sur ma faim.
Mais encore une fois, vœu pieux, je ne serais pas mécontent de voir l’auteur refaire une incursion dans cet univers des gothans.
Note : 8/10
[1] Observateur passif
PS: Chapeau bas à Aurélien POLICE pour cette couverture simplement magnifique