Alsem WISEMAN
Alsem WISEMAN est une créature étrange, un griot s’il en est, nourri à la racine même des légendes et des mythes. Suivant la tradition de ses divers prédécesseurs qui ont sillonné plus d’une civilisation et porté plus d’un rôle. Aèdes, scaldes, poètes, bardes de tous poils et de tout horizon, ou tout simplement conteurs.
Par nature itinérants et versatiles, ce sont des personnages qui un instant gais, puis l’autre tristes, vivent de l’air ou à l’air du temps, emprunts de savoir collectif tout en gardant leur identité. Des êtres passionnés, qui de leur lyre, leur harpe ou de leur cithare, qui de leur tam-tam ou de leur likembe[1], cherchent autant à faire revivre ce qui fut qu’à donner vie à ce qui sera. Proposant, à tout hasard, une réflexion, un recueillement, une émotion… en somme, un instant de grâce lorsque par miracle s’accordent les humeurs disparates de l’acteur et de l’assistance.
Lorsqu’avec les mots, l’homme s’essaie à saisir le sens et l’essence des univers, cet instant privilégié, axe de congruence entre prose et poésie, où s’exprime le génie créatif qui hante chacun de nos regards et murmure à nos oreilles. Il suffit donc d’écouter et laisser parler la muse…
Le conteur que vous trouverez ici fut un jour défini comme suit par son inspiration, il est peut-être cela ou tout autre chose, qu’à cela ne tienne, il vous salue bien bas, comme l’eut fait en son temps le sieur de Bergerac, ce pour dire… avec panache :
Ma plume en main
Une à une je pose mes lettres
M’enfin, j’essaie d’être
Calligraphe de première main
Je n’ai pas d’inspiration, je vis
Retiens ce que m’inspire la vie
Entre elle et moi, je veux que ça rime
Que s’arriment les liens que j’explicite dans mes rimes
Que la prose que l’on vit
Devienne pure poésie
Je veux faire moine copiste forcé
D’ennoblir ce qui lui est conté
Écrire amour sans tour
J’y mets l’accent chaque jour
Entre parenthèses, je mets nos guerres
Nos haines et nos revers
En majuscule, j’écris la paix
Mais pas d’effet
Même quand je note en gras tous les méfaits
Je note, et même à force d’écrire je ne sais
Si l’existence est un texte mal fait
Si la vie est un contexte imparfait
Ou si tous autant que nous sommes
Ne sommes qu’une somme
De mots insensés
Une suite sans syntaxe établie
Un phénomène non pensé
Un fait accompli
Je sens que vous ne comprenez pas ce que je dis
Je fais juste calligraphe
Je mets le quotidien en paragraphe.
[1] Le likembe ou piano à pouces est un instrument de la famille des idiophones que l’on retrouve dans de nombreux pays d’Afrique sous différents noms : sanza, mbira

instrument idiophone africain