Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

Archives de la catégorie ‘Mes livres préférés’

Rois Du Monde #1, Même Pas Mort! – Jean-Philippe JAWORSKI

mercredi 1 octobre 2014
Même Pas Mort

Même Pas Mort

J’ai découvert Jean-Philippe JAWORSKI, il y a quelques années déjà avec son roman/recueil de nouvelles Janua Vera, et c’était juste une tuerie. Pour le coup, quand j’ai su qu’il avait publié la suite des aventures de Benvenuto Gesufal avec Gagner La Guerre, je me suis bien entendu jeté dessus et pour mon plus grand plaisir tant cet auteur possède l’art et la manière.
Son écriture riche n’est pas pour autant prolixe, l’aventure est à la fois épique et lyrique. Il y a à la fois de l’action et de la pensée, si je puis dire ^_^. Franchement pour ceux qui ne connaissent pas, il vaut vraiment le détour.

Avec la série rois du monde qui paraît toujours chez l’éditeur moutons électriques, l’auteur nous livre quelque chose de nouveau, de différent, et de toujours aussi prenant.

Synopsis :

Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, fils de Belinos. Pendant la Guerre des Sangliers, mon oncle Ambigat a tué mon père. Entre beaux-frères, ce sont des choses qui arrivent. Surtout quand il s’agit de rois de tribus rivales… Ma mère, mon frère et moi, nous avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés.
Là-dessus, le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : mon frère et moi, il nous a envoyés guerroyer contre les Ambrones. Il misait sur notre témérité et notre inexpérience, ainsi que sur la vaillance des Ambrones. Il avait raison : dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril. Comme prévu, je suis tombé dans un fourré de lances. Mais il est arrivé un accident. Je ne suis pas mort.

Mon avis :

Nous sommes dans un univers celte et l’on vit avec et parmi les mythes et les légendes. D’ailleurs les frontières ne sont pas si bien définies que ce soit entre mythes et réalités, qu’entre rêve et état d’éveil.
L’écriture, encore une fois riche, est presque organique tant elle peut-être vivante mais aussi allusive. Le verbe est tour à tour savoureux, caustique, inquiétant…
L’auteur utilise le principe (dont je ne connais pas malheureusement l’équivalent en français) de l’ « unreliable narrator » : un narrateur qui peut fournir des informations floues, contradictoires et mêmes trompeuses ou en tout cas qui peuvent induire à l’erreur. Cette forme elliptique et non linéaire du récit pourrait gêner certains lecteurs, mais pour moi elle a ajouté une profondeur à l’ensemble.
Même pas mort est le premier tome d’une trilogie, vivement la suite !

Note : 8.5/10

The Powder Mage Series – Brian MCCLELLAN

dimanche 14 septembre 2014

Je n’ai pas été aussi agréablement surpris en fantasy d’action depuis Brandon SANDERSON. Pour l’instant, il y a deux livres publiés Outre-Atlantique sur les trois de la trilogie, et je trouve que l’auteur a su trouvé le ton juste pour raconter son histoire.
L’intrigue est construite autour du Field Marshall Tamas, un haut gradé militaire qui, pour des raisons tout autant profondément personnelles que d’État, décide de mettre fin à l’ère monarchique pour établir une république.
Il va sans dire que cette révolution se déroulera dans le sang. Si cela ne répugne pas particulièrement au maréchal. Toutefois, l’homme puissant et ambitieux, qui croyait avoir tenu compte des imprévus pour se parer des incertitudes, sera contraint d’admettre qu’on ne peut pas en une nuit arriver à bout des intrigues multiples et diverses qui font la vie d’une cours.
On y retrouve donc une fantasy militaire qui serait très familière à ceux qui connaissent la série The Malazan Book of the Fallen de Steven ERIKSON, mais également et de manière assez surprenante pour moi, une espèce de polar grâce au personnage d’Adamat, un détective privé engagé par Tamas pour élucider quelques éléments de mystères.
La série se lit facilement, puisque l’auteur possède un style direct et très vivant qui plonge le lecteur directement dans le récit.
D’ailleurs j’ai lu les deux tomes d’une traite tant la continuité est évidente et l’histoire haletante. C’est vraiment une série qui vaut le détour. A cette heure, je ne sais pas si un éditeur français en possède déjà les droits et projette de le traduire.
Promise of Blood (The Powder Mage #1)

Promise Of Blood

The Crimson Campaign (The Powder Mage #2)

Crimson Campaign
Note: 8.5/10

Against All Things Ending – Last Chronicles Of Thomas Covenant – Stephen R DONALDSON

vendredi 17 août 2012

Voici quelques années que j’ai découvert l’univers de Stephen R DONALDSON et plus particulièrement celle des Chroniques de Thomas Covenant, et c’était pour mon plus grand bien car cela me changeait de la fantasy que je lisais alors (TOLKIEN, David GEMMELL, R.A. SALVATORE).

Ce qui m’a tout de suite frappé, étant apprenti écrivain, c’est bien sûr le style de l’auteur. Un style particulier que j’affectionne énormément même si je pense qu’il ne sera pas la tasse de thé de tout le monde. En tout cas, il ne laissera personne indifférent. D’ailleurs je suis tombé sur plusieurs critiques qui faisaient le même reproche à l’auteur, celui d’écrire dans un style cabalistique comme pour montrer ou démontrer qu’il en sait des choses : du genre il aurait une encyclopédie pour oreiller, ^_^

Néanmoins, par rapport au monde de Thomas Covenant, je trouve que son style sert particulièrement à l’histoire, et aide à créer une atmosphère de réalité féerique. Il arrive vraiment à mettre le lecteur dans un état d’esprit où il vit vraiment avec les personnages et les accompagne dans leurs pérégrinations.

Les Chroniques de Thomas Covenant s’étendent sur environ 30 ans d’écriture et formeront à leur conclusion dix volumes répartis comme suit:

  •  The Chronicles of Thomas Covenant the Unbeliever
    • Lord Foul’s Bane (1977)
    • The Illearth War (1978)
    • The Power That Preserves (1979)
  • The Second Chronicles of Thomas Covenant
    • The Wounded Land (1980)
    • The One Tree (1982)
    • White Gold Wielder (1983)
  • The Last Chronicles of Thomas Covenant
    • The Runes of the Earth (2004)
    • Fatal Revenant (2007)
    • Against All Things Ending (2010)
    • The Last Dark (sortie prévue 2013)

Ce qui est ironique, est que j’ai découvert l’univers de Thomas Covenant avec la sortie du premier tome des dernières chroniques (jusqu’ici ce sont celles que j’ai les moins appréciées). À l’époque je m’étais dit que pour bien faire les choses, je pourrais tout aussi bien commencer par le début. Je me procurai donc deux omnibus, regroupant chacun une chronique. Je les ai dévorés en moins de deux semaines…

Captivé par l’univers, où se déroule l’histoire nommé simplement « The Land » traduit par « Le Fief » dans la version française, qui joue presque le rôle d’un personnage à part entière et par l’anti-héros qu’est Thomas Covenant, j’ai de suite mis DONALDSON au rang de mes auteurs favoris. Il faut bien dire que la prémisse est intrigante, elle est d’ailleurs ainsi présentée dans le premier tome :

Un homme réel – selon les critères par lesquels nous définissons la réalité – se trouve soudain retranché du monde et transporté dans un environnement physique inconcevable : les sons y possèdent un arôme, les odeurs une couleur et un relief, les images une texture et les attouchements un timbre. Une voix désincarnée l’informe qu’il a été amené là pour devenir le champion de sa sphère d’origine. Il doit se battre en combat singulier contre le représentant d’un autre monde. S’il est vaincu, il mourra et son univers sera détruit parce qu’il aura prouvé son incapacité à survivre.

Le héros décide qu’on lui ment. Il affirme qu’il est en train de rêver ou d’halluciner et refuse de livrer un duel à mort en l’absence de danger avéré. Il se montre implacable dans sa détermination à réfuter sa position apparente et ne se défend pas lorsqu’il est attaqué par son adversaire.

Question : cet homme fait-il preuve de courage ou de lâcheté ?

Telle est l’interrogation fondamentale de l’éthique.

Lord Foul’s Bane – La Malédiction du Rogue

 Cela dit, même si je n’ai pas eu à attendre comme l’on sans doute fait les fans de la première heure pour découvrir les dernières chroniques. Je dois reconnaître que j’ai du mal à retrouver dans celles-ci les émotions qui m’avait traversé lors de la lecture des deux premières. On dirait que l’auteur manque de peu l’accès au sommet qu’il avait atteint avec les deux premiers opus. Pour l’instant Against All Things Endings se classe comme le moins bon de ceux qui forment les dernières chroniques, mais la fin était d’une si bonne qualité que je ne peux qu’attendre impatiemment la sortie du dernier tome. Et je garde l’espoir qu’il viendra assouvir mes attentes par rapport à cette histoire incroyable !

Pour ceux qui sont intéressés, il y a une très belle édition avec les trois premiers tomes réunis en un seul chez le Pré Aux Clercs : Les Chroniques de Thomas Covenant

Note: 8/10

 

Winds Of The Forelands – David B. Coe

vendredi 29 juin 2012

Comme cela fait longtemps que je n’ai plus donné de nouvelles sur ce blog, et comme ce sont les vacances qui commencent pour certains, je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée de partager des lectures que j’ai appréciées dernièrement.

Je vais commencer par l’auteur américain, David B. Coe puisque j’aime beaucoup sa manière d’écrire et ses intrigues, de plus dans quelques jours paraîtra un nouvel ouvrage de sa main (Thieftaker) dont les prémisses sont très intéressantes : Une espèce de Fantasy urbaine qui se déroule à l’époque des guerres civiles américaines. Pour s’en faire une idée, l’auteur a mis en lecture libre une nouvelle qui met en scène le protagoniste Ethan Kaile. L’histoire est située chronologiquement avant l’intrigue du livre principal à voir ici (in english bien sûr) A Spell Of Vengeance .

Pour en revenir à l’œuvre qui nous occupe, il s’agit bien sûr de Winds Of The Forelands, une série en cinq tomes que Pygmalion a une fois de plus démultipliée lors de la traduction => résultat: dix tomes dans la langues de Molière. Mais comme la série est déjà passée en version poche chez J’AI LU, il est possible pour ceux qui seraient tentés de la lire à un prix encore abordable.

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Dans l’Univers des Terres du Devant, il existent pour l’essentiel deux races humanoïdes les Qirsis et les Eandis. Les premiers, physiquement frêles, aux yeux dorés, à la peau très pâle et aux cheveux de neige, sont des sorciers, capables d’utiliser la magie, ils sont puissants dans leurs arts occultes mais possèdent une beaucoup plus courte espérance de vie comparée aux seconds, qui sont robustes et dont la population est beaucoup plus nombreuse. Ils forment d’ailleurs le gros du système féodale, et seul parmi les Eandis se trouvent les seigneurs des diverses cours qui composent ces terres.

Ce schisme sera la source d’une guerre à la fois longue, vicieuse et très meurtrière où les apparences ne sont pas toujours le reflet de la réalités et où les alliances se font et se défont au rythme des passions humaines. Au cœur de ce tumulte un forain Qirsi et jeune seigneur Eandi vont devoir former une alliance presque contre nature par rapport au contexte pour s’entredaider et peut-être aussi pour sauver les Terres du Devant du chaos qui le dévore graduellement.

Un vrai plus de la série, c’est le fait que, dans la version anglo-saxonne du moins, chaque tome fait effectivement un ensemble cohérent et complet. Tout en nous laissant dans l’envie de connaître la suite, il conclut néanmoins un chapitre de l’histoire.

On a comparé David B. Coe à G. R.R. Martin, probablement parce qu’il n’hésite pas à tuer des personnages principaux si cela sert l’intrigue, mais personnellement je trouve qu’il possède un style qui lui est propre et que j’apprécie tout autant.

 

Note global de la série : 7,75/10

 

Janua Vera – Jean-Philippe JAWORSKI

vendredi 1 avril 2011

Recueil de nouvelles

Janua Vera

ISBN : 978-2070355709

Auteur : Jean-Philippe JAWORSKI

Éditeur : Editions Gallimard (26 février 2009) – Collection Folio SF

Quatrième de couverture :

Né du rêve d’un conquérant, le vieux royaume n’est plus que le souvenir de sa grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l’assassin trempe dans un complot dont il risque d’être la première victime, Ædan le chevalier défend l’honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain…

Jean-Philippe Jaworski met une langue finement ciselée au service d’un univers de fantasy médiévale d’une richesse rare. Entre rêves vaporeux et froide réalité, un moment de lecture unique. Janua vera a été récompensé par le prix du Cafard Cosmique 2008.

 

Citations :

« Je n’ai jamais rêvé, » dit le Roi-Dieu.

D’un geste ample, il désigne le faste monumental qui l’entoure.

« Tout ce que j’ai souhaité, je l’ai réalisé. Je n’ai jamais rêvé. »

Janua Vera, p.28

 

«Vous souffrez d’une malchance exceptionnelle, surnaturelle, exemplaire, qui semble concentrer sur votre personne toutes les disgrâces les plus redoutées […] C’est une véritable bénédiction, les quatre Dieux en soient louées ! »

Janua Vera, p. 379

Mon avis :

Tout d’abord publié en grand format aux éditions les moutons électriques avant de paraître chez Gallimard dans la collection poche Folio SF, Janua Vera est un recueil de nouvelles particulièrement réussi.

Jean-Philippe JAWORSKI nous y invite à la rencontre de multiples personnages, bien différents les uns des autres par leur caractère comme par leur destin et/ou aventure.

Ces récits sont tout à fait indépendants et peuvent a priori se lire dans n’importe quel ordre sans que cela ne nuise au plaisir de la lecture.

Néanmoins, je ne peux que constater que c’est un recueil de nouvelles qui profite d’une rare cohésion. L’idée que ces histoires forment un ensemble est une question qui ne se pose pas. Et d’ailleurs, j’ai même eu l’impression que j’étais en face d’un roman, dont le personnage principal est ce Vieux Royaume, principe récurrent dans chaque nouvelle puisque c’est le lieu où se déroule l’intrigue, terreau fertile où chacun de ces récits trouve racine.

Et quelle description, l’auteur en fait ! On a l’impression d’y être tant les mots de l’auteur l’évoquent avec clarté, verve, truculence. Une sorte de poésie désuète exsude des pages, une rythmique de conteur nous emporte, et il en ressort au final un très agréable moment de lecture. Une expérience à la fois divertissante qu’enrichissante.

C’est de la Fantasy française comme personnellement je la préfère, qui s’en va puiser aux sources même des légendes et des mythes et non pas une ixième copie d’une aventure d’outre-Atlantique comme on en a vu malheureusement trop souvent ces derniers temps.

En définitive, que ce soit donc sur la forme comme sur le fond, j’ai été littéralement conquis par cet ouvrage et le style fleuri, méticuleusement agencé, de son auteur.

Note : 9/10

Au Sortir de l’Ombre – Syven

dimanche 27 mars 2011
Au Sortir de l’Ombre

Au Sortir de l’Ombre

ISBN : 978-2918719113

Auteur : Syven

Éditeur : Editions du Riez (11 janvier 2011)

Quatrième de couverture :

Londres, 1889. La guilde d’Ae protège les aethrynes depuis des siècles pour qu’elles se consacrent à leur tâche : garder piégés dans leur ombre de sinistres monstres avides de massacre, les gothans. Lorsque la secte des némésis s’attaque à ces prêtresses, l’organisation est ébranlée par la traîtrise de plusieurs agents d’importance. Les traqueurs William, Christopher et Heinrich, qui sont chargés de la protection de lady Eileen pour une nuit, n’imaginent pas les enjeux de la chasse dont ils feront bientôt l’objet. Mais dans l’ombre d’Eileen, attentif, « Il » sait ce qui est sur le point de se jouer.

Citations :

« Les journaux avaient beau dénoncer le laxisme impardonnable qui conduisait cette catégorie de la population à sa perte, il peinait à croire que les pauvres gamins hagards qui mendiaient du pain en étaient arrivés là de leur propre chef. »

Au Sortir de l’Ombre, p. 247

Mon avis :

Ayant suivi la création de ce livre, en mode lurker[1], sur l’excellent blog de Syven, où elle divulguait l’évolution du projet avec parcimonie et une bonne humeur communicative. Je peux dire que je suis certain d’une chose, c’est qu’elle y a travaillé sérieusement à son ouvrage. Et devinez quoi, cela se ressent à la lecture de ce roman.

L’intrigue est originale, et le brio de l’auteur réside dans le fait qu’elle a entre autre exploité la mythologie judéo-chrétienne pour créer un univers à part, dangereusement crédible.

Si je dois analyser l’ouvrage de manière détaillée, je commencerai donc par la forme pour terminer sur le fond.

En ce qui concerne la forme donc, je dois dire que j’ai été tout à fait bluffé ! Tout de suite, j’ai été entrainé dans le récit tant l’auteur use d’un style clair, précis, agréable et très visuel. Si les descriptions sont généralement lapidaires, elles n’en sont pas moins percutantes sinon pertinentes, de même que les dialogues. Ceci rend donc l’histoire non seulement facile à suivre, mais d’une dynamique presque cinématographique.

Le suspense est distillé avec maestria de sorte que le lecteur sans être frustré ne peut néanmoins se départir de l’envie de connaître la suite. L’intrigue est également bien ficelée, en ce qui me concerne, au trois quart du roman, je n’aurais pu deviner le dénouement. Premier constat donc, pour un premier roman, je trouve que Syven fait un sans-faute en évitant les écueils récurrents (descriptions trop alambiquées et inopportunes, rythme peu soutenu ou inégal, intrigue mal maîtrisée => Pourtant avec le nombre de rebondissements et de contingences, il y avait de quoi se casser les dents).

Sur le fond, comme je l’ai dit plus haut, l’auteur a su tordre selon ses désirs des mythes qui sont plus ou moins universels et de part ce fait a su profiter des sous-entendus et d’allusions pour créer un univers très riche et très réel.

Londres du XIXème siècle est également très bien rendu, avec cette ambiance haletante évoquant un Sherlock Holmes. Les différents protagonistes, à l’exception peut-être de lady Eileen (quoique après coup je conçois une telle personnalité par rapport à la tâche qui lui incombe, lol, mais shuuut on va pas vous spoiler la surprise), sont également crédibles sinon quelque peu archétypaux. Mais je pense que sur ce point, il n’y avait vraiment pas moyen de faire mieux avec une intrigue si fouillée et  le même nombre de pages. Je suppose que c’était un choix que l’auteur a dû faire, et c’est dans l’ensemble un pari réussi.

Pour résumer donc, je trouve que le roman est une véritable prouesse. Le seul bémol que je puisse émettre, et c’est vraiment une question de goût personnel. J’ai trouvé l’univers assez fataliste, et j’ai regretté le fait que les personnages humains, malgré leur fougue et leur énergie n’aient pas plus eu à offrir sinon à décider (l’éternelle question du destin et du libre arbitre) et cela m’a laissé quelque peu sur ma faim.

Mais encore une fois, vœu pieux, je ne serais pas mécontent de voir l’auteur refaire une incursion dans cet univers des gothans.

Note : 8/10

 


[1] Observateur passif

PS: Chapeau bas à Aurélien POLICE pour cette couverture simplement magnifique

The Wise Man’s Fear – Patrick Rothfuss

samedi 26 mars 2011

The Wise Man's Fear

Nombre de pages: 1008 pages

Editeur: Gollancz (1 Mar 2011)

ISBN-10: 0575081414

ISBN-13: 978-0575081413

“So yes. It had flaws, but what does that matter when it comes to matters of the heart? We love what we love. Reason does not enter into it. In many ways, unwise love is the truest love. Anyone can love a thing because. That’s as easy as putting a penny in your pocket. But to love something despite. To know the flaws and love them too. That is rare and pure and perfect.”

Wise Man’s Fear P.66[1]

“Not pointless.” I protested. “It’s the questions we can’t answer that teach us the most. They teach us how to think. If you give a man an answer, all he gains is a little fact. But give him a question and he’ll look for his own answers.”

Wise Man’s Fear P.628[2]

Suite du très prometteur et captivant The Name Of The WindThe Wise Man’s Fear continue sur cette lancée en nous faisant découvrir Kovthe, l’homme derrière la légende. Le style de l’auteur est toujours aussi fluide que complexe.

L’intrigue est détaillée, la narration imagée, le tout jouissant de ce côté épique déjà présent dans le premier opus.

Pour raconter son histoire, Patrick ROTHFUSS a choisi de le faire par la bouche de son protagoniste, qui est un acteur, un musicien, un conteur et un magicien. Ce narrateur se reconnait comme quelqu’un de passionné, grandiloquent et qui n’hésite pas de mentir si cela peut donner une meilleure histoire que la réalité, même s’il insiste que les choses importantes seront toujours relatées avec exactitude. Nous sommes donc dans un cas de un narrateur peu ou non fiable (unreliable narrator), et cette entourloupe technique apporte un peu plus encore de suspens et de complexité au récit.

Le protagoniste donc, pour des raisons pratiques, va conter son histoire en trois jours, d’où la trilogie. Cette espèce de mise en abîme est très bien exploitée par l’auteur qui nous plonge littéralement dans son monde. Ceux qui ont aimé le premier jour, aimerons le second, d’autant plus qu’on découvre subtilement l’immensité de l’univers créé par l’auteur.

Le livre est dense et volumineux, et se savoure comme du bon vin. Si la Fantasy a été stigmatisée (et pas nécessairement à tort) d’être un genre où l’on met trop d’importance dans la construction d’un univers au détriment de l’intrigue et des personnages, on rencontre ici une structure tout à fait à l’opposé. Il est vrai que la plupart des personnes, après un voyage par exemple, vont rapporter leur impression par rapport à l’environnement bien entendu (beau, dangereux, désert, luxuriant, etc…), mais surtout par rapport aux personnes qu’ils auront rencontrés, il en est de même de Kovthe. Il décrit très bien sa relation par rapport à sa société au plutôt aux sociétés et différents personnages qu’il côtoie.

C’est d’ailleurs à ce niveau que j’émets mon seul bémol. Contrairement au premier livre, je trouve que l’auteur a été très chiche sur le background de l’histoire étant donnée la taille de l’ouvrage. Cela dit, j’attends donc vivement la suite pour connaître le fin mot de l’histoire.

Je recommande vivement cette œuvre, d’autant plus que les éditions Bragelonne, contrairement à ce qui semblait être devenu la règle lors de la traduction d’œuvre anglo-saxons en français, publie cette histoire en respectant la découpe originale.

Note : 8,5 / 10

 


[1] « Donc oui. Il avait des défauts, mais en quoi est-ce important lorsqu’il s’agit des affaires du cœur ? Nous aimons ce que nous aimons. La raison n’y est pour rien. À bien des égards, l’amour insensé est le plus vrai. N’importe qui peut aimer car. C’est aussi facile que de se remplir les poches. Mais aimer malgré. Connaître les défauts et les aimer de même, cela est rare, pur et parfait. »

 

[2] « Pas vain, protestai-je. Ce sont les questions auxquels nous ne savons répondre qui nous donnent le plus d’enseignement. Elles nous invitent à réfléchir. Si tu donnes une réponse à quelqu’un, tout ce qu’il reçoit est un simple fait. Donnes lui une question, et il cherchera ses propres réponses »

The Long Price Quartet – Daniel ABRAHAM

dimanche 17 janvier 2010

“We say that flowers return every spring” Dana said, “but that is a lie. It is true that the world is renewed. It is also true that the renewal comes at a price, for even if the flower grows from an ancient vine, the flowers of spring are themselves new to the world, untried and untested.

“The flower that wilted last year is gone. Petals once fallen are fallen forever. Flowers do not return in the spring, rather they are replaced. It is in this difference between returned and replaced that the price of the renewal is paid.

“And as it is for spring flowers, so it is for us.”

THE PRICE OF SPRING, p.347, Daniel ABRAHAM

Faisant écho à un article précédent de ce blog, vous parlant de mes envies de lecture, je viens vous présenter cette tétralogie d’un auteur que décidément j’affectionne, Sieur Daniel ABRAHAM. Et cela tombe bien puisqu’il se trouve que la traduction de l’œuvre en question existe maintenant dans la langue de Molière, de quoi ravir ceux qui autrement se seraient sentis frustrés (pour cause que l’anglais n’est pas leur tasse de thé ou de café ^_^), sous le titre Les Cités de lumière aux éditions Fleuve Noir.

Tout d’abord, les titres des quatre livres :

  • A Shadow in Summer (March 7, 2006) – La Saison de l’Ombre (Fleuve Noir, ISBN 978-2-265-08440-7, 2009)

ISBN 978-0765313409

  • A Betrayal in Winter (August 21, 2007)

ISBN 978-0765313416

  • An Autumn War (July 22, 2008)

ISBN 978-0765313423

  • The Price of Spring (July, 2009)

ISBN 978-0765313430

Ensuite, l’analyse de l’œuvre. En réalité, j’aurais voulu faire une analyse livre par livre, qui je pense aurait pu être encore plus pertinente en rapport au contenu, mais j’ai craint que faisant cela, je ne vous gâche le plaisir. Il est toujours un peu difficile de parler d’un coup de cœur, afin de donner envie, car le but bien sûr est de partager, sans pour autant en dire trop et garder intact le mystère d’un livre.

Aussi, est-ce la raison pour laquelle, j’ai choisi de faire court et vous parler de l’œuvre dans son ensemble, cela se justifiant également par le fait que les quatre livres font vraiment un tout indivisible, et que même si chaque chapitre amène des points de vue différents ainsi que de nouveaux personnages, l’idéal reste bien entendu de les lire selon l’ordre de leur parution, car il y existe bien un fil conducteur qui n’est autre que le personnage principal, Otah Machi.

L’auteur réussit avec brio à créer un univers cohérent et crédible, et surtout où la magie (l’art complexe de la maîtrise de ces êtres fabuleux, les andats) n’est pas un faire valoir pour sortir les héros des situations les plus désespérées.

Cette tétralogie, je la vois un peu comme un concert qui monte en puissance pour finir avec un final grandiose et qui justifient les attentes. C’est une fresque épique, intimiste, qui à ce jour encore, quelques mois après lecture, me laisse une profonde nostalgie.

Je pense qu’une fois de plus c’est le lyrisme de l’ensemble qui m’a touché. L’auteur a vraiment un talent pour les mots, pour exprimer avec justesse la complexité des sentiments humains. Ses personnages sont crédibles, multi-facettes, profonds, et cela sur presque tous les plans (humain, physique, mental). Et le fait que même les acteurs secondaires profitent d’un tel développement rend l’ensemble de son univers très vivant.

Comme un tisseur habile et patient, Daniel ABRAHAM élabore sa toile avec maîtrise et l’on sent au fil des pages l’exercice de l’excellence vers toujours plus d’excellence. La qualité de l’œuvre, si elle souffre des imperfections du premier roman — voire l’intrigue convolutée et quelque peu artificiel, diraient certains, du premier volume de la tétralogie —, est vraiment de très bonne facture, puisque les trois romans suivant viennent combler et même sublimer cet écueil.

Si l’on peut classer certainement The Long Price Quartet dans la branche Fantasy de la littérature, on réalise néanmoins tout de suite que le genre est pris à contre pied ou du moins que ses règles le sont. Ici l’action et la frénésie dans l’écriture ne sont pas primordiales, mais plutôt la portée des décisions prises par les intervenants à l’échelle des nations et de l’histoire, même les décisions plus triviales, du moins en apparence, même celles faites par des personnages d’a priori moindre importance.

Il explore une société inspirée du Japon féodal, en choc de culture avec une société ressemblant à l’Europe des Temps Modernes, triomphante dans ses technologies et conquérante.

Le choc sera en effet à la mesure des ambitions humaines, c’est dire : simplement terrible !

Si j’ai pu vous en donner envie avec ces quelques mots, alors n’attendez plus, courez vous procurer ces livres, je parie qu’une fois la lecture faite, vous ne serez pas déçus.

Note : 8,5/10



« Nous disons que les fleurs reviennent au printemps, pourtant c’est un mensonge. Il est vrai que le monde est renouvelé. Il est également vrai que ce renouveau vient à un prix, car même si la fleur croît d’une vieille branche, les fleurs du printemps sont elles-mêmes nouvelles au monde, ni avisées ou éprouvées.

« La fleur fanée l’an dernier est partie. Les pétales une fois tombées le sont pour toujours. Les fleurs ne reviennent pas au printemps, plutôt sont remplacées. C’est dans cette différence entre revenues et remplacées que se paie le prix du renouveau.

« Et comme il en est des fleurs du printemps, il en est de même pour nous »

The Gentlemen Bastards Sequence – Scott Lynch

mardi 16 juin 2009

Les Salauds Gentilshommes

La saga prévue en sept volumes des Salauds Gentilshommes du pétillant Scott Lynch est un véritable régal pour tout amateur d’aventure et de comédie. En effet, l’histoire vécue par ces Salauds Gentilshommes est présentée comme une énorme farce dont ils se gaussent la plupart du temps, puisqu’ils en sont les principaux instigateurs. Néanmoins, et c’est là tout l’intérêt, la farce s’avère imprévisible et se montre parfois cruelle aux dépends de ces fameux gentilshommes.

On oscille donc ainsi entre des moments profondément jouissifs de bouffonneries impayables et d’autres non moins intéressants, beaucoup plus sombres et poignants.

N’ayant jusqu’ici publié que les deux premiers titres de sa saga, avec le troisième en cours de finition, Scott Lynch profite déjà d’une renommée d’un auteur de talent, ce qui n’est nullement démenti par ses bouquins.

The Gentleman Bastard Sequence

1. The Lies of Locke Lamora (June 2006) – Les Mensonges de Locke Lamora (Bragelonne 2007)

2. Red Seas Under Red Skies (July 2007) – Des Horizons Rouge Sang (Bragelonne 2008)

3. The Republic of Thieves (probablement 2010)

4. The Thorn of Emberlain (forthcoming)

5. The Ministry of Necessity (forthcoming)

6. The Mage and the Master Spy (forthcoming)

7. Inherit the Night (forthcoming)

Ayant terminé seulement récemment la lecture du deuxième volet de la saga, je me suis retrouvé comme à la fin du premier volume avec une envie de toujours plus des mensonges de ce cher Locke Lamora et de ses brillants acolytes. Et même si pour l’instant ma préférence va au premier tome, qui reste à mes yeux une perle rare d’ingéniosité littéraire, j’ai trouvé que loin de décevoir l’auteur a su maintenir la barre très haute avec cette séquelle, laissant flotter dans l’air une promesse de retentissants rebondissements.

Pour ceux qui ne se sont pas encore laissés tentés, je vous le recommande vivement.

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J’ai également beaucoup aimé les couvertures de ces bouquins que je trouve vachement réussies…

Note Globale : 8,5/10

The Name Of The Wind – Patrick Rothfuss

dimanche 22 mars 2009

Pages de Rothfuss, Patrick - [Kingkiller 01] - The Name of the Wind (2007)

J’ai pensé qu’au lieu de faire une longue critique, le plus simple serait de traduire la quatrième de couverture qui m’a littéralement scotché. À la fin de la lecture de ce bouquin, je n’ai pas été déçu, car c’est encore plus grandiose que cette entrée en matière.

Outre-Atlantique, on le désigne déjà comme la nouvelle superstar de la Fantasy, et ce n’est peut-être pas à tord. Patrick Rothfuss a su avec ce premier roman marquer le genre et même la littérature en dans sa généralité. Style, intrigue, construction du récit. Il y a vraiment de belles trouvailles, et cerise sur le gâteau, on sent que l’auteur adore les histoires, et ce plaisir il le partage volontiers avec nous…

Autre bonne nouvelle, apparemment Bragelonne a acquit les droits sur l’ouvrage et il devrait paraître dans son intégralité en avril, ce qui est louable pour une fois que l’on ne découpe pas en différent volumes au passage à la traduction.

Le bouquin fait tout de même 678 pages en grand format VO.

Le Nom Du Vent

« Mon nom est Kvothe, prononcé un peu comme « côte ». Les noms sont importants car ils vous en disent long sur la personne qui les porte. J’ai reçu bien plus de noms qu’un seul homme ait le droit d’en avoir. Ceux d’Adem m’appellent Maedre, qui peut-être traduit selon la manière dont c’est prononcé soit par La Flamme, Le Tonnerre ou L’Arbre Brisé.

L’appellation « La Flamme » est évidente pour quiconque m’a déjà rencontré. J’ai les cheveux d’un rouge lumineux. Si j’étais né deux cents ans auparavant, j’aurais sans doute été brûlé en tant que démon. Je les garde court, mais ils restent indisciplinés. Quand laissés à leur bon plaisir, ils se dressent et je parais alors comme embrasé.

L’appellation « Le Tonnerre » je l’attribue à mon puissant baryton et à mon précoce et long entraînement d’acteur, débuté dans l’enfance.

Je n’ai jamais vraiment considéré « L’Arbre Brisé » comme très significatif. Néanmoins, avec un peu de recul, je suppose qu’il pourrait être pris comme partiellement prophétique.

Mon premier mentor m’appela E’lir puisque j’étais intelligent et le savais. Mon premier amour m’appela Dulator puisqu’elle aimait le son de ce mot. J’ai été appelé Shadicar, Doigtléger, et Six-Cordes. J’ai été appelé Kvothe L’Exsangue, Kvothe L’Arcane et Kvothe Le Regicide. J’ai dû mériter ces noms. Acheté et payé pour eux.

Mais j’ai été élevé en tant que Kvothe, mon père me dit une fois que cela signifiait « savoir »

J’ai bien sûr été appelé beaucoup d’autres choses. Bien d’entre elles peu raffinées et grossières, mais très peu non méritées.

J’ai volé des princesses à des rois, brûlé la ville de Trebon. J’ai passé la nuit avec Felurian et suis reparti autant avec ma vie qu’avec mon équilibre mental. J’ai été expulsé de l’Université bien plus jeune que l’âge requis pour y être accepté. J’ai arpenté des chemins à la lumière de la lune que d’autres craignent de citer à la lumière du jour. J’ai parlé aux dieux, aimé bien de femmes, et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels.

Vous avez peut-être entendu parler de moi. »

Patrick Rothfuss

Note : 9,5 / 10