Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

Archives de la catégorie ‘Délires d’exégète’

Les univers de Fantasy

jeudi 11 février 2016

De mon expérience d’écriture dans l’imaginaire, je me souviens encore de la découverte de cette joie, cette exubérance de la création de nouveau monde.
Bien sûr le simple fait d’écrire est un acte de création qui ouvre la porte à d’innombrable possibilités, toutefois le genre imaginaire donne un sentiment en prime qui pourrait vite, si l’on n’y prend pas garde, s’apparenter à de l’ivresse. Tout de suite, vous vous dites sans doute que j’y vais peut-être un peu fort, non ?

Je m’explique : le fait de donner libre cours à son imagination sans nécessairement appliquer les contraintes du réel (de notre monde sensible) explose les possibilités d’une manière telle que cela peut donner le tournis. En cela sans doute réside la force, mais également la faiblesse du genre. Et cela, bien entendu engendre des écueils pour tout scribouillard de l’imaginaire qui se respecte.

À ce propos, je voulais justement m’intéresser à un phénomène particulier qui est ce qu’on appelle dans le jargon en anglais le « worldbuilding » traduit littéralement par « la construction de monde ». Je ne sais pas s’il existe un terme exacte en français, mais cela se rapporte au processus de création de l’univers dans lequel va évoluer l’histoire et les personnages qui font l’objet de notre récit.

J’ai découvert plus ou moins récemment trois écrivains anglo-saxons dont les livres m’ont réellement scotché, mais dont les « worldbuilding » ont joué un très grand rôle dans ma manière de les départager par rapport à la satisfaction personnelle que j’ai tirée de leur ouvrage.

Toute d’abord, Brian MCCLELLAN, avec sa serie Powder Mage Trilogy avec un concept assez originale de système de magie basé sur la poudre à canon. Chez Mclellan, le worldbuilding est sommaire, le récit est avant tout centré sur l’action et sur des personnages charismatiques dont les relations sont tout simplement explosives. Du coup, on a affaire à un style terriblement efficace, ici on ne s’attarde pas sur des descriptions éternelles de tel ou tel endroit, tel ou tel vêtement etc. Pourtant, le verdict est que je suis resté sur ma faim. On a manqué de frôler la perfection parce qu’il manquait justement une certaine profondeur au récit, parce qu’on est allé trop vite en besogne. Je n’ai pas eu le temps de sentir, de toucher, d’explorer de manière satisfaisante le monde dans lequel évoluaient les personnages. C’est un peu comme si on avait un film d’action génial construit sur un fond blanc, le décor n’étant pas suffisamment posé.

Ensuite avec Mark T. BARNES, on est dans l’autre « travers ». Au début, j’ai pensé avoir affaire à un xième émulateur de Tolkien. Ici le monde créé est foisonnant et on reçoit trop d’informations en un très court laps de temps. Cela affecte bien entendu le rythme du récit. Il s’agissait d’une trilogie, et terminer le premier tome a vraiment été difficile. Toutefois, en tournant la dernière page de la trilogie, Echoes Of Empire, je sentais déjà une forte nostalgie surgir en moi à l’idée de ne plus accompagner les personnages dans leurs aventures et leurs combats. Il résultait également autre chose, un peu moins subjectif si je puis dire, une impression de complétude, de cohérence face à cet univers que je venais de visiter et qui possédait une forte tangibilité parce que l’auteur en avait dévoilé plusieurs recoins et qu’on devinait que ce n’était néanmoins qu’un pan levé sur un monde plus vaste encore.

Enfin avec Brian STAVELEY, un autre Brian ^_^, et sa trilogie, Chronicle Of The Unhewn Throne, j’ai eu l’impression de trouver un équilibre par rapport aux deux approches que j’ai décrites plus tôt. Chez les trois auteurs, personne ne pêche en originalité, ni même en exploration des personnages, ni en intrigue non plus. C’est vraiment au niveau de l’exploration de leur univers, de la manière dont il le présente -que s’est fait la différence- : n’en dire presque rien, distiller au fur et à mesure les informations ou spammer le lecteur avec un torrent d’éléments.

Si j’ai le temps, je me pencherai prochainement sur la cohésion de l’univers du récit dans le « worldbuilding »

La question identitaire des personnages

samedi 28 mars 2009

Identité, nom féminin :

§ Caractère permanent et stable d’un individu, d’un groupe.

§ Ensemble des données de fait et de droit qui permettent d’établir qu’une personne est bien ce qu’elle prétend être.

Lorsqu’on rédige un récit, il me semble de plus en plus évident qu’il convient de réfléchir au préalable aux grandes lignes qui régiront celui-ci. Et l’un des points clefs à prendre en compte, c’est bien entendu les personnages.

Certains auteurs d’ailleurs n’y vont pas de main morte, fiche de personnages, avec habits, couleur des yeux et de cheveux, pouvoirs, etc. On pourrait vite tomber dans le jeu de rôles…

Si cette manière de faire est vivement pratique, il convient de constater qu’elle n’est pas suffisante.

Rendre un personnage crédible ressort soudain presque du domaine de l’impossible. Comment en effet donner une griffe (marque de fabrique) à un personnage sans que cela ne soit trop convenu. Du genre, il répète le même mot à chaque fin de phrase. Ou encore il déstabilise avec son regard d’acier.

L’idée est bien entendu de parvenir à travers les descriptions, dialogues et actions, à faire ressortir un ensemble cohérent qui définisse l’identité du ou des personnages.

Aussi, il faut toujours se rappeler que la cohérence n’exclut pas la complexité.

Si vous, auteur, en tant que personne, vous plaisez à croire que vous êtes unique dans le monde, au conglomérat de votre look, votre personnalité, votre vécu et vos affinités, un premier pas vers la manière de cerner un de vos personnages, serait peut-être d’essayer de vous cerner vous-même.

Je ne doute pas que l’exercice s’avérera difficile…

Cette approche donne, à mon sens, une autre perspective et qu’importe le genre d’histoire qu’il nous prend de raconter, il devient un peu moins probable de tomber dans ce manichéisme basique où chaque personnage est rien de plus qu’ébauché et surtout catalogué (bon/méchant). De même, si l’on cherche à pousser ce raisonnement plus loin, on en arrive également à vouloir abolir l’autre manichéisme, plus subtil celui-là, puisque tout y transparait en nuance de gris. C’est un raccourci que j’ai vu pris dans beaucoup d’ouvrages et qui m’a plus d’une fois fait sourire, car il n’est pas aussi facile de tromper le lecteur.

Si l’idée de départ, comme dit plus haut est de créer et mettre en scène des personnages authentiques, il ne suffit absolument pas de peindre en quelques lignes leurs qualités et y ajouter quelques défauts pour faire bonne mesure. Tracer des personnages au moral, ou au tempérament flou en espérant ne pas tomber dans l’évidence n’est pas vraiment une sauce en soit qui permette de réussir ses personnages.

Les enjeux de l’histoire, les raisons derrière chaque action, les tenants et les aboutissants sont la sève dans laquelle l’auteur doit aller tirer l’essence de ses personnages. En voulant reprendre, un formule de psychologie primaire, il convient d’essayer de construire un équilibre entre l’innée et l’acquis pour chaque personnage, trouver les raisons de leur comportement non seulement dans leur être propre mais aussi par rapport aux circonstances qui les encadrent.

Le génie se révèle alors lorsque, d’une manière ou d’une autre, l’auteur arrive à faire deviner plus de profondeur à son personnage, établir une ambiance qui le définit. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, il est bien évidemment impossible de décrire de manière exhaustive une personne quelle qu’elle. D’ailleurs, l’exercice en vaut-elle vraiment la chandelle ?

L’Universalité

lundi 26 février 2007

Quand l’Auteur s’exprime, parlons d’Universalité

Définitions de universalité, nom féminin


[Vieux] Totalité, ensemble d’êtres, de choses.

[LOGIQUE] [PHILOSOPHIE] Caractère de ce qui est universel, qui concerne la totalité des individus d’un groupe, ou qui est regardé sous son aspect de plus grande généralité. L’universalité de la mort, de la maladie.

Caractère d’une proposition universelle.

Caractère d’un esprit universel, complet. L’universalité de Léonard de Vinci.

Caractère de ce qui est relatif à l’ensemble des êtres humains, à l’ensemble des membres d’une société, de ce qui s’étend à toute la planète. L’universalité d’un roman, du malheur. L’universalité des soins de santé.

Flexion

f. s.

universalité

f. pl.

universalités


Indice de fréquence : 50

rare

fréquent

Comme vous l’avez compris, l’universalité est un principe intégrateur. J’en parle par rapport à la littérature simplement parce que j’ai remarqué, d’après ma propre expérience de scribe et de lecteur, que parfois les auteurs oublient ce principe primordial.

En effet, à moins d’écrire un journal intime ou encore un livre codé à l’intention de ses confrères membres d’un cercle occulte, le premier souci d’un écrivain devrait être celui de se faire comprendre. Et par le plus grand nombre si possible.

Ce problème inclut donc, que dans son processus de création, l’auteur devra, à un moment ou un autre, faire des concessions par rapport à ses choix d’expression ou encore à ses idées « tordues » qu’Il est Le Seul à comprendre. Ceci ne veut en aucun cas signifier qu’il lui faut tuer son art au profit de la simplicité, mais plutôt rendre accessible la complexité de cet art.

En plus bref, l’auteur doit, lorsqu’il écrit, entreprendre un jeu de personnification complexe, qui l’entraine à se mettre à la place du lecteur, et se demander : « est-ce que sans avoir spécialement le même background que moi, une autre personne pourrait-elle être touchée par cette histoire ? Y existe-t-il assez de repères universels ? Ou encore existe-t-il assez de repères dans mon monde intérieur (d’écrivain) par rapport au monde réel ? »

Ces questions apparemment anodines, on se les pose, toujours— enfin, je crois, du moins on devrait —, inconsciemment ou pas.

Si l’on prend l’exemple de Lewis Caroll et son Alice, on se rend compte rapidement que son monde « absurde » ou « illogiquement logique » foisonne d’une infinité de références en rapport aux choses ayant cours à son époque.

« Le livre foisonne d’allusions satiriques aux amis de l’écrivain et aux leçons que les écoliers britanniques devaient mémoriser à l’époque » cf. wikipédia

Donc lorsqu’il nous arrive l’envie en tant qu’auteur de s’amuser en écrivant des choses qui sont des clins d’œil à nous-même— ce genre de choses dont un auteur peut dire : « ça c’est de l’ironie que moi seul peux comprendre » —, il faut toujours veiller à les rendre le plus accessible possible. Il faut bien que cette ironie soit devinée tout de même, sinon l’écrire n’en vaut pas la chandelle. Puisqu’en définitive, il existe entre auteur et lecteur une sorte de jeu mutuel de camouflage et dévoilement de sens qui fait l’intérêt du livre. Or si ce jeu devait s’avérer vide de sens à la toute fin pour le lecteur, il n’y gagne rien, pourquoi donc lire le livre ?

Arriver à transmettre ce que l’on veut dans ses écrits, revient donc à la maîtrise de ce processus. C’est à ce moment, à mon avis, que l’on peut sans crainte se nommer « écrivain » puisqu’on réussit le tour de force d’agencer clairement et simplement même ses idées les plus complexes !

Cependant, si j’ai dit qu’il faut écrire ses textes en en tenant compte des autres, je dis aussi l’inverse, il faut écrire en tenant compte de soi. C’est un paradoxe en apparence, mais rien n’est plus vrai. Voilà l’équilibre que doit en tout temps chercher l’auteur!

Très humblement,

Votre serviteur, Alsem, universellement vôtre…

L’Originalité

samedi 17 février 2007

Quand on parle d’Originalité

C

ombien de fois n’entend-on pas ces mots lors de la critique d’un livre, d’un film, bref d’une création artistique : « Oh ! Comme c’est original » ou alors « Pouah ! Quelle daube, aucune once de créativité ni d’originalité, une histoire mille et une fois ressassée ! »

Cela est d’autant plus amusant, lorsque, parfois et même souvent, ces deux expressions tout à fait opposées sont utilisées pour une même œuvre par des personnes différentes. Très vite cela devient une gageure pour les départager, et trouver « objectivement » lequel des deux groupes a raison, lequel a tort.

Pour faire simple, il faut donc commencer par définir ce qu’est l’originalité :

« Caractère de ce qui est original, nouveau »

Définition quelque peut redondante, mais comme nous voulons aller au bout des choses, cherchons donc la définition d’« original » :

u

[Vieux] ou [Soutenu] Originel.

u

[Moderne] Qui provient de l’auteur même, qui n’est pas reproduit. Œuvre, gravure originale. Dessin, acte original.

u

Qui constitue la première parution, la première version de qqch. Édition originale. Version, bande originale d’un film. Scénario, plan original.

u

Qui ne ressemble à rien d’antérieur, inédit, différent. Projet, décor original. Approche originale. Roman peu original.

Se dit d’une personne qui se distingue par ses idées ou ses comportements, qui est différente, non-conformiste. Cinéaste très original.

Flexion

m. s.

original

m. pl.

originaux

f. s.

originale

f. pl.

originales


Note

Paronyme de : originel ou originaire.


Indice de fréquence : 69

rare

fréquent

Voici donc en gros les définitions du dictionnaire, et l’on comprend tout de suite d’où provient la difficulté. En effet, l’on fait objectivement appel à la subjectivité de chacun pour juger de la chose. Puisque ce n’est que par rapport à ses expériences et ses antécédents que tout celui qui analyse l’œuvre décide de son originalité ou pas.

Pour quelqu’un ayant vu des films de ninjas, un ultime film sur ce thème lui paraîtra forcément moins original qu’il ne le sera pour un autre ne connaissant que les films d’action américains par exemple, etc.

Ainsi, le secret de l’original, réside dans la qualité qu’une œuvre a de surprendre son auditoire. Et l’on n’est surpris que par l’inconnu. Or, le fait de ne pas connaitre une chose fait-il que cette dernière n’existe pas ? Non évidemment, ou alors oui, mais seulement du point de vue de la personne qui ne connait pas. L’originalité dépend donc des connaissances, autant celles de l’auteur que celles du lecteur.

Mais pour en revenir à la surprise, ce qui est vrai, en tout cas, c’est que plus le nombre des « surpris » est important plus l’acceptation commune — d’originalité — se confirmera sur le sujet, même s’il existera toujours certains récalcitrants, bien dans leurs droits, par ailleurs, pour contester, haut et fort, que rien n’est nouveau dans l’œuvre adulée.

Avec cet ensemble, l’on se rend compte très vite que l’originalité sera aussi fonction des cultures, des tendances, de la mode, et surtout, de point de vue. Quelqu’un qui vient vous parler des droits de l’homme en plein obscurantisme du moyen âge sera sans doute un original— malgré le fait que Jésus de Nazareth, bien des siècles auparavant, prêchait l’égalité des maîtres et des esclaves — alors qu’il ne l’est plus en cette aube du vingt-et-unième siècle.

Pour donner un exemple concret, considérons ceci.

Avec la recrudescence de l’exploration des œuvres d’Héroïc Fantasy dans les années 90 et les débuts 2000, il est devenu tout à fait évident que parler actuellement d’Elfes et de Nains relève semblablement de l’obstination stérile d’un auteur en manque d’étincelles inspiratrices. Cela tout simplement parce que les sujets ont été revus, et même corrigés, avant d’être parodiés. Bref, une énième histoire de lutte du Grand Bien contre le Grand Mal, avec une abondance de héros divers, chacun possédant son propre inéluctable destin !

Personnellement, je pense que l’originalité ne devrait pas être limitée aux thèmes abordés, mais s’étendre aussi à la manière dont ils sont abordés. D’ailleurs, beaucoup pencheront pour dire que c’est là et seulement là que réside toute originalité, puisque les thèmes, m’enfin, sont toujours et irrémédiablement les mêmes. L’univers étant un cycle sans fin, rien ne se perd ni ne se gagne — ici encore j’aime penser que malgré l’apparence cyclique des choses, il existe tout de même des nouveautés qui viennent changer la donne. C’est sans doute encore une fois mon esprit optimiste qui ne veut pas croire au prédéterminisme, cependant qui peut sur la gigantesque échelle de l’existence, infirmer ou conformer cette assertion !

Fin de la parenthèse.

Avertissement pour vous lecteurs, spectateurs, auditeurs, vous, enfin, qui êtes les destinataires finaux de toutes œuvres artistiques…

Un simple conseil à la prudence, lorsque vous tombez sur une quelconque critique d’œuvre et lisez ces mots : « un ouvrage très original, vaut le détour » ou encore « une pièce bancale, sans originalité aucune ». Souvenez-vous simplement que celui qui a écrit cela, importent ses titres et son expériences, est un homme, une femme, tel que vous. Et que cette analyse n’est faite d’abord que par rapport à son point de vue, nécessairement biaisé en comparaison au vôtre — vos antécédents étant différents. Il ne faudrait donc pas systématiquement écarter quelque chose en ayant foi à ces seuls arguments.

Avertissement pour vous auteurs, acteurs, locuteurs, vous, enfin, qui êtes les destinateurs initiaux de toutes œuvres artistiques…

Une question peut donc venir naturellement à tout auteur soucieux de son travail : « S’il est si difficile d’être original, pourquoi alors se tourmenter, puisque l’on ne sera jamais original que pour une partie ? Ce ne sera jamais l’unanimité ! »

« Cela ne sera jamais l’unanimité ! » est une affirmation que je crois vraie. Et je pense qu’un auteur ne devrait pas s’inquiéter plus que de raison de l’originalité, sacrifiant peut-être jusqu’à l’intérêt de l’histoire pour tenter de positivement acquérir cette qualité, au risque de tomber dans les travers du genre (nous allons rester en Fantasy) :

« Le Zorblog activa le mizuri qui acheva l’Ultan. En effet, cette race d’immortels ne pouvait supporter la lumière du jour ! »

Vous voyez ce que je veux dire !?

Chercher à raconter une histoire de manière honnête, juste pour le plaisir de partager un moment est déjà suffisant. Désirer voguer loin des sentiers battus est quelque chose d’honorable et à encourager, mais il ne faudrait pas le faire simplement parce que sinon l’on dirait que vous n’êtes pas original. S’il faut le faire, alors faites-le pour vous et pour le plaisir que vous y prenez, en restant authentique avec votre esprit. Ce plaisir et cette authenticité finiront sans doute par payer, et feront, peut-être, votre originalité…

Très humblement,

Votre serviteur, Alsem le vent, récolte la tempête !?

Le Style

mercredi 14 février 2007

De cette notion vague que l’on nomme style…

S

uite à une discussion sur l’excellent forum d’Outremonde, m’est venue l’idée d’écrire cet article sur le « style ». Loin d’être un guide ou encore une définition, c’est simplement un point de vue, en l’occurrence le mien, sur cette notion assez insaisissable qu’est le style d’un écrivain.

Cette difficulté de définition est sans doute due à ce que le style se refaire non seulement à la forme, mais est aussi intimement lié au fond de l’histoire exploité. De plus, cette notion est complexe dans sa référence…

En effet, on peut parler du style d’un auteur, mais cela veut-il dire que ce dernier n’en possède qu’un seul ? Loin de là, en réalité, il peut en changer à chaque texte qu’il écrit. Alors qu’est-ce le style ? Serait-ce la rémanence caractéristique que l’on trouve dans chacun de ses écrits ? Oui et non. En fait, pour tout vous dire, je ne connais pas la véritable réponse à cette question, et s’il n’existe qu’une seule réponse ou plusieurs.

Dans les tendances de la pensée littéraire, il me semble qu’il a toujours existé deux pôles opposés et pourtant connexes par la matière qu’elles traitent.

D’une part, il y a la tendance qui donne du crédit à l’histoire : seule l’histoire importe et pas vraiment la manière dont elle est racontée.

D’autre part, juste l’inverse : l’histoire en elle-même n’est pas importante. En réalité, elle est juste un prétexte pour la manière, qui définit tout l’art littéraire. Dans ce cadre, peut nous venir à l’esprit ce genre que certains écrivains affectionnent : l’absurde, qui ne recherche pas nécessairement le sens ou joue avec lui pour faire la part belle à la langue et ses raffinements.

Qu’est-ce que je pense de ces deux tendances ?

Je dirais qu’elles renferment chacune, un point important et que trouver un compromis au juste milieu entre elles serait la meilleure solution.

Aussi, pour en revenir au sujet qui nous occupe, le style, il va sans dire qu’il concerne en très grande part la manière dont l’histoire est racontée.

Lorsque l’on est apprenti auteur — étant donné que l’on se cherche, et que l’on ne possède pas encore notre style propre, ou plutôt que celui-ci ne s’est pas encore affirmé et n’a pas encore muri — deux choix s’imposent à nous :

§ Un, l’on se lance avec les rudiments que nous possédons de la langue et l’on écrit naturellement, tout en faisant des recherches afin d’améliorer notre rédaction.

§ Deux, l’on essaie de faire comme nos auteurs favoris.

Pour moi, sans hésiter, j’opte pour la première option, sans dénier le fait, qu’inconsciemment ou pas, je resterai influencé par mes lectures favorites. Cela dit, ce choix a d’intéressant qu’il permet un développement naturel du talent de l’écrivain, et fera que les écrits de ce dernier, peu importe « leurs qualités stylistiques », posséderont toujours cette touche d’authenticité.

De l’autre côté, celui qui essaie d’imiter un style élaboré d’un auteur affirmé, ne perdra pas pour autant en tout, puisque mine de rien cela permettra de l’améliorer. Mais avec une grande faille tout de même, et qui se ressentira aussitôt : un manque de maîtrise et d’authenticité.

Un exemple plus ou moins concret, ce sont les textes que l’on rencontre parfois au détour d’un blog, un site, ou forum, et même dans un livre édité, tiens, avec un style imbuvable par sa fausse sophistication, où les mots incompréhensibles tombent presque comme à l’ouverture d’une vanne. L’on se retrouve à rechercher la définition de mots cabalistiques à chaque phrase, et quand l’on finit de lire, on se rend compte que tous ces efforts ne menaient pas vraiment à grand-chose, puisque cela aurait pu être dit en de mots plus simples.

Oui, selon moi, la première vérité et la plus grande force d’un auteur (écrivain) sont qu’il écrit pour se faire comprendre et y arrive, et non pour étaler son talent inaccessible devant la masse ébahie et incompréhensive des lecteurs.

Comprenez bien que je ne crache pas sur la beauté de la langue, et ses subtilités, ni l’exercice presque infini que l’on peut faire avec les mots. Mais la beauté d’une œuvre, n’est-elle pas plus grande encore lorsque malgré sa complexité, elle reste déchiffrable par le plus simple esprit ?

En bref, mon avis sur le sujet reste dans ma propre citation sur le forum d’Outremonde :

« De plus en ce qui concerne le style, je préfère quelque chose de naturel (pauvre ou soutenu) ou alors d’expérimental (comme le fait souvent mon ami Gene Wolfe et on y ressent véritablement tout le plaisir qu’il a pris à écrire). Puisque s’il existe une chose qui me rebute le plus, c’est le « forcing » du style (il est alors ampoulé) et on sent tout de suite qu’il n’est pas naturel et ressort plutôt d’une espèce de snobisme intellectuel. »

Par ampoulé, j’ai voulu dire quelque chose d’un peu différent que le vrai sens de ce mot. En simple, tentative de faire du grand et y échouer en tombant dans le ridicule.

En mots de la fin donc, je dirais ceci :

« Écrivez comme vous le sentez venir, restez naturel, tout en travaillant et retravaillant votre plume, et surtout restez honnête avec vous-même. Si vous avez écrit quelque chose, et que l’ayant relu deux semaines plus tard, vous ne saisissez plus tout à fait son sens exact, ce qu’il y a anguille sous roche… »

Très humblement,

Votre serviteur, Alsem, qui se laisse porter au gré du Vent…