Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

Archives de la catégorie ‘Écriture’

Embrasée de l’éclat de la lune

dimanche 26 août 2007

La nuit s’est offerte à ses yeux humides
Avec l’éclat d’une ténébreuse annonciation
Il la contemple avec fascination
Ses profondeurs aux mille trouées lucides

Ce sont des rejetons issus d’un temps antique
Témoins millénaires de la marche des siècles
Ce sont des garnements aux regards espiègles
Dont le souffle igné proclame la Geste lyrique

Geste universelle et tragique de l’existant
Triomphe de raison absurde, de déraison logique
Tout et rien, comme une histoire figée en cet unique instant
Son âme est emplie de liesse ayant saisi le signifié mystique

Embrasée de l’éclat de la lune
La nuit s’est offerte en une toile opportune
Et le mage, enfin, peut le repos chercher
Sa quête de vérité est maintenant terminée

Rêves fragiles

jeudi 16 août 2007

De quelle folie souffre-t-il donc ?
De quelles sombres hallucinations ?
Souvenirs suaves et machinations
Cœur épris, cœur brisé et abandon

En elle, elle le reçoit, avide
Et le lie de ses rets invisibles
Là, loin de toute notion intelligible
Contrée céleste de l’Aphrodite

Étreintes fiévreuses, étreintes glacées
Frénésie maladive, souffle gelé
Crinière enténébrée, regard de jade
Il appartient désormais à l’étrange naïade

De quelle folie souffre-t-il donc ?
De quels parjures abscons ?
Il fait un rêve fragile de lumineuses annonciations
Et elle, sur ses pattes agiles, triomphe de son aliénation

Petit Bourgeon

lundi 23 juillet 2007

Douceur gracile sur l’aridité des siècles
Petit bourgeon, tu m’as redonné la vie
Et le délire que je te dois, l’envie
Toujours je chérirai cette ultime étincelle

Ma route était tortueuse, mes jambes fragiles
Ma langue torride sous la morsure de l’être
Et l’existence, esquisse d’un artiste malhabile
Me semblait un chaos au-delà même du paraître

Tel un chemin sans fin, un tunnel sans lumière
Un désert cosmique à l’immensité infertile
Et moi, rien plus qu’un partisan tout aussi délébile
Telle encore, du monde, était ma vision d’hier

Je te dois beaucoup, fille du soleil levant
Émergence d’aube, rejeton de printemps
Musique lancinante pour mon âme couturée
Certes le plus beau est à venir sous la voûte azurée

Promesse à la Dame de Sève et de Pierre

vendredi 25 mai 2007

Au premier jour d’hiver, dès l’aube je marcherai
Je suivrai les sentiers, tenus et torturés
Qui mènent vers ton domaine au cœur de la forêt
Je ferai fi du givre dans mes membres couturés

Je marcherai dès l’aube, obsédé par l’idée
Ineffable dans mon être, de te retrouver
J’oublierai les frimas, les sommets enneigés
Les chants des oisillons, les dangers insoupçonnés

J’aurai devant mes yeux, caché des yeux du monde
Ton image gracile que je vis dans une onde
J’aurai au fond de moi, à l’ombre de mon cœur
Un amour véritable brûlant avec ardeur

J’aurai dans mon regard hanté par tes mystères
Des larmes d’abandon, espérance et misère
Au premier jour d’hiver, lorsque frémissent les arbres
Je serai sur le seuil de ta demeure de marbre

Blues

samedi 19 mai 2007

Accoudé à la table, les mets inaltérés
Et les bougies végètent, leur souffle à l’agonie
Son regard vide de sens demeure en harmonie
Avec cette ambiance vaine d’une chose inachevée

Musique lancinante qui pleure en toile de fond
Élégie insolite qui met son cœur en larmes
Et ses yeux lui picotent, son corps est en alarme
Un spleen sublime lui remue les tréfonds

Il est tel un soleil perdu dans la noire nuit
Improbable comme une lune scintillante à midi
Le vent venu du nord emporte au loin ses larmes
Ces souvenirs cristallins de l’aimée le désarment

Sa guitare vibre rudement au rythme de son cœur
Une mélopée tragique jouée avec ardeur
Loin de la renommée, de l’amour et du flouze
L’enfant prodigue, prodige, apprend enfin son blues.

Mystères ordinaires

lundi 14 mai 2007

Il soupire, cœur criblé de lamentations
Ciel obscur, irisé, en pleine agitation
Autant que les pensées au bord de sa conscience
Pourquoi lui, et tant de larmes ?
Pourquoi un destin dénué de charmes ?
Seules les souffrances, sans répit, sans insouciance
Il aurait préféré une once d’ignorance
Une naïveté rafraichissante
Havre sous un signe de tolérance
Illusion suggestive, indépendante
Il éructe un cri bref lointain
La douleur est atroce
La demande, féroce
Il ne sera pas libre demain
En lui, plus rien, juste une étrange impatience
Fugace, éphémère, presque allégorique
Et cela est d’autant plus fâcheux,
D’autant plus réel qu’il ne sait en toute assurance
Si le désir impérieux, catégorique
Qui en son cœur a taillé l’immense creux
Ne serait que l’expression inévitable
D’une puissance transcendante
Mais pourtant, irrémédiablement
Sujette à la race humaine, prérogative ineffable…

Telle une malédiction, sa mémoire
Oppressante ainsi qu’une ultime montagne
Gorgée de détails qui s’appesantissent avec hargne
Véritable tapisserie façonnée par les Moires
Qui résume son existence en un seul instant suspendu
Fresque horrifique d’un artiste halluciné
Il revoit son enfance comme sur écran ciné
La rage de son père, la tristesse d’une mère attendrie
Puis l’époque des maladies et d’une sœur qui se meurt
La succession irréfragable des peurs
Si jeune, et déjà si intime avec la Mort
Si accoutumé aux regrets, aux châtiments, aux remords
Puis vint l’adolescence, le temps des premiers amours
Mais l’Ananké acharnée ne lui offre qu’un faux semblant de bonheur
Il éructe un cri, plus long que le précédent
Une complainte ultime saturée d’amertume
Un défi, contre cette sombre machination, coutume
Qui l’instaure en impossible, étrange martyr
Il souhaite, espère, simplement partir
S’en aller vers une rive imaginée
Loin de cette existence coupable
Lieu béni, paradis improbable
Tel le sursaut d’un rêve inachevé…

L’amour ! Même pas un croûton de pain…

samedi 12 mai 2007

Puisque l’amour ne coûte rien
Pas même un croûton de pain
Puisque ses larmes ne savent rien
De ces penchants assassins

Puisque le prix de ses souffrances
N’apporte rien de tangible
Et la langueur irascible
Qui émane de ses outrances

Laisse que son sang devienne la preuve
Laisse que sa sueur asperge son épreuve
Laisse que sa vie soit dans la balance
Afin que l’être pauvre qu’il fut
Devienne un gage qui suffit
Au besoin vorace qui t’élance

Élévation

mardi 1 mai 2007

La lumière se réverbère sur le socle de ma conscience
J’ai connaissance des choses, jusqu’en l’instant, cachées
Et la poussière immémoriale des siècles à venir et passés
Me oint, irrécusable, de son immatérielle substance

Je m’élève quelque peu encore, porté par la transe
Dans les sphères éthérées de la transcendance
Et l’être malhabile dans cet inaccessible ordinaire
Se déplace comme le ferait un poisson sur la terre

Je me sens gauche, grossier, esquisse à peine ébauchée
Je suis un homme dans le Temple de Dieu
Une image délavée de la première Idée
Phénomène cosmique qui n’aurait dû avoir lieu

Dans mon élévation, cette ultime exaltation
Je m’inscris comme il se doit dans l’infinité du monde
Soudain, je ne suis ni petit ni grand, juste une intuition
Du « Je suis », immuable certitude qui m’inonde

Cœurs isolés

samedi 21 avril 2007

La neige tombe à sa fenêtre.
Le froid remplit son être.
Le cœur se serre, un peu plus.
L’amour se désagrège,
Lentement, doucement, presque avec tendresse.
Dans le lointain, une cloche sonne l’angélus.
Il pense à l’ensemble de sa vie,
Il médite presque avec furie.
Puis la tension se relâche,
Une fois de plus, il se sent lâche.
Une larme perle, et coule ensuite,
Concentré du remords de son inlassable fuite…

Le soleil brille à sa fenêtre,
Ainsi que le sourire qu’elle laisse toujours paraître.
Un jour magnifique en tout point,
Un jour monotone à ses yeux,
Car le vide remplit tous les recoins
De son cœur, de son âme, de ses yeux.
Un vide emplit d’amertume,
Un vide de vie sur le bitume,
Un vide si placide qu’il en devient agité.
Elle se lève et essuie ses larmes précipitées,
Empoigne son sac résolument,
L’embrasse farouchement, et lui ment…

Une pluie torrentielle descend avec fracas du ciel,
Tel un géant aquatique porteur d’apocalypse.
Mais il l’accueille comme une ellipse
Des tracas omniprésents et saturés de fiel,
Qui forment assidument son quotidien.
Il marche sous cette averse l’air de rien,
Comme s’il voudrait être intégralement lavé
De la personne qu’il est, de sa vie présente et passée.
L’argent, la renommée et la gloire ne lui ont rien apporté.
Il regrette cette routine qu’ils se sont imposés,
Lui et cette femme qu’il aima pourtant,
Elle aima aussi, mais c’était il y a longtemps.

Elle est assise sur un banc, froid et humide.
Elle ne saurait dire le pourquoi de ce choix,
Elle devient folle quelque fois.
Elle n’est plus si jeune, possède déjà quelques rides,
Mais sa beauté n’est guère déjà une lampe éteinte.
Elle désire simplement une étreinte,
Un peu de réconfort dans ce monde de brutes.
Elle ne le voit pas arriver, errant sans but.
Elle s’étonne lorsque la pluie ne la martèle plus.
Il s’est assis à côté d’elle, en main, un parapluie.
Il lui sourit, et c’est comme un soleil qui reluit,
Sans mort dire, il l’étreint, elle ne désire guère plus…

Elle a pris un avion pour un pays de froid,
Sur un coup de tête, pour casser avec l’habitude.
Elle en a assez de cette hypocrite attitude,
Ces non-dits et faux-semblants qui la broient,
Impitoyables, infatigables et absolus.
Ce vol sera peut-être le salut !
Son cœur, de nouveau, se prend à espérer,
Ce sentiment même est une libération.
Lorsqu’elle met pieds dans la contrée immaculée,
C’est un sentiment étrange qui la saisit, une impossible exultation.
Elle ne le voit pas la voir par sa fenêtre enneigée,
Il descend les marches quatre à quatre, espérant sortir enfin de son existence piégée…

Et si c’était faux…

mardi 13 mars 2007

Si par une nuit blanche et froide de Décembre
Un gnome harassé venu de Féerie
T’avais laissé dans le lit d’un enfant décédé
Sans jamais que tes parents ne s’en aperçoivent

Si dans la contrée enchantée un Roi pleure son héritier
Et une Reine attristée ne cesse de fondre en larmes
Et les fées apeurées de l’avenir du royaume
Ne savent plus que faire inconscientes de la ruse du nain

Si pourtant, malgré tout, il existe en toi une gêne
Un sentiment profond d’une identité perdue
Une racine inexpugnable d’une vérité oubliée
Qui influe sur tes manières et toute ta façon d’être

Garde-là précieusement, cette part de féerie
Cette petite rêverie qui te fait penser insouciant
« Peut-être suis-je un Roi », car en toute vérité
Cela pourrait bien être ton seul héritage dans ce monde-ci, Pèlerin.