Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

Archives de la catégorie ‘Alsem critique’

The Powder Mage Series – Brian MCCLELLAN

dimanche 14 septembre 2014

Je n’ai pas été aussi agréablement surpris en fantasy d’action depuis Brandon SANDERSON. Pour l’instant, il y a deux livres publiés Outre-Atlantique sur les trois de la trilogie, et je trouve que l’auteur a su trouvé le ton juste pour raconter son histoire.
L’intrigue est construite autour du Field Marshall Tamas, un haut gradé militaire qui, pour des raisons tout autant profondément personnelles que d’État, décide de mettre fin à l’ère monarchique pour établir une république.
Il va sans dire que cette révolution se déroulera dans le sang. Si cela ne répugne pas particulièrement au maréchal. Toutefois, l’homme puissant et ambitieux, qui croyait avoir tenu compte des imprévus pour se parer des incertitudes, sera contraint d’admettre qu’on ne peut pas en une nuit arriver à bout des intrigues multiples et diverses qui font la vie d’une cours.
On y retrouve donc une fantasy militaire qui serait très familière à ceux qui connaissent la série The Malazan Book of the Fallen de Steven ERIKSON, mais également et de manière assez surprenante pour moi, une espèce de polar grâce au personnage d’Adamat, un détective privé engagé par Tamas pour élucider quelques éléments de mystères.
La série se lit facilement, puisque l’auteur possède un style direct et très vivant qui plonge le lecteur directement dans le récit.
D’ailleurs j’ai lu les deux tomes d’une traite tant la continuité est évidente et l’histoire haletante. C’est vraiment une série qui vaut le détour. A cette heure, je ne sais pas si un éditeur français en possède déjà les droits et projette de le traduire.
Promise of Blood (The Powder Mage #1)

Promise Of Blood

The Crimson Campaign (The Powder Mage #2)

Crimson Campaign
Note: 8.5/10

Janua Vera – Jean-Philippe JAWORSKI

vendredi 1 avril 2011

Recueil de nouvelles

Janua Vera

ISBN : 978-2070355709

Auteur : Jean-Philippe JAWORSKI

Éditeur : Editions Gallimard (26 février 2009) – Collection Folio SF

Quatrième de couverture :

Né du rêve d’un conquérant, le vieux royaume n’est plus que le souvenir de sa grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l’assassin trempe dans un complot dont il risque d’être la première victime, Ædan le chevalier défend l’honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain…

Jean-Philippe Jaworski met une langue finement ciselée au service d’un univers de fantasy médiévale d’une richesse rare. Entre rêves vaporeux et froide réalité, un moment de lecture unique. Janua vera a été récompensé par le prix du Cafard Cosmique 2008.

 

Citations :

« Je n’ai jamais rêvé, » dit le Roi-Dieu.

D’un geste ample, il désigne le faste monumental qui l’entoure.

« Tout ce que j’ai souhaité, je l’ai réalisé. Je n’ai jamais rêvé. »

Janua Vera, p.28

 

«Vous souffrez d’une malchance exceptionnelle, surnaturelle, exemplaire, qui semble concentrer sur votre personne toutes les disgrâces les plus redoutées […] C’est une véritable bénédiction, les quatre Dieux en soient louées ! »

Janua Vera, p. 379

Mon avis :

Tout d’abord publié en grand format aux éditions les moutons électriques avant de paraître chez Gallimard dans la collection poche Folio SF, Janua Vera est un recueil de nouvelles particulièrement réussi.

Jean-Philippe JAWORSKI nous y invite à la rencontre de multiples personnages, bien différents les uns des autres par leur caractère comme par leur destin et/ou aventure.

Ces récits sont tout à fait indépendants et peuvent a priori se lire dans n’importe quel ordre sans que cela ne nuise au plaisir de la lecture.

Néanmoins, je ne peux que constater que c’est un recueil de nouvelles qui profite d’une rare cohésion. L’idée que ces histoires forment un ensemble est une question qui ne se pose pas. Et d’ailleurs, j’ai même eu l’impression que j’étais en face d’un roman, dont le personnage principal est ce Vieux Royaume, principe récurrent dans chaque nouvelle puisque c’est le lieu où se déroule l’intrigue, terreau fertile où chacun de ces récits trouve racine.

Et quelle description, l’auteur en fait ! On a l’impression d’y être tant les mots de l’auteur l’évoquent avec clarté, verve, truculence. Une sorte de poésie désuète exsude des pages, une rythmique de conteur nous emporte, et il en ressort au final un très agréable moment de lecture. Une expérience à la fois divertissante qu’enrichissante.

C’est de la Fantasy française comme personnellement je la préfère, qui s’en va puiser aux sources même des légendes et des mythes et non pas une ixième copie d’une aventure d’outre-Atlantique comme on en a vu malheureusement trop souvent ces derniers temps.

En définitive, que ce soit donc sur la forme comme sur le fond, j’ai été littéralement conquis par cet ouvrage et le style fleuri, méticuleusement agencé, de son auteur.

Note : 9/10

Au Sortir de l’Ombre – Syven

dimanche 27 mars 2011
Au Sortir de l’Ombre

Au Sortir de l’Ombre

ISBN : 978-2918719113

Auteur : Syven

Éditeur : Editions du Riez (11 janvier 2011)

Quatrième de couverture :

Londres, 1889. La guilde d’Ae protège les aethrynes depuis des siècles pour qu’elles se consacrent à leur tâche : garder piégés dans leur ombre de sinistres monstres avides de massacre, les gothans. Lorsque la secte des némésis s’attaque à ces prêtresses, l’organisation est ébranlée par la traîtrise de plusieurs agents d’importance. Les traqueurs William, Christopher et Heinrich, qui sont chargés de la protection de lady Eileen pour une nuit, n’imaginent pas les enjeux de la chasse dont ils feront bientôt l’objet. Mais dans l’ombre d’Eileen, attentif, « Il » sait ce qui est sur le point de se jouer.

Citations :

« Les journaux avaient beau dénoncer le laxisme impardonnable qui conduisait cette catégorie de la population à sa perte, il peinait à croire que les pauvres gamins hagards qui mendiaient du pain en étaient arrivés là de leur propre chef. »

Au Sortir de l’Ombre, p. 247

Mon avis :

Ayant suivi la création de ce livre, en mode lurker[1], sur l’excellent blog de Syven, où elle divulguait l’évolution du projet avec parcimonie et une bonne humeur communicative. Je peux dire que je suis certain d’une chose, c’est qu’elle y a travaillé sérieusement à son ouvrage. Et devinez quoi, cela se ressent à la lecture de ce roman.

L’intrigue est originale, et le brio de l’auteur réside dans le fait qu’elle a entre autre exploité la mythologie judéo-chrétienne pour créer un univers à part, dangereusement crédible.

Si je dois analyser l’ouvrage de manière détaillée, je commencerai donc par la forme pour terminer sur le fond.

En ce qui concerne la forme donc, je dois dire que j’ai été tout à fait bluffé ! Tout de suite, j’ai été entrainé dans le récit tant l’auteur use d’un style clair, précis, agréable et très visuel. Si les descriptions sont généralement lapidaires, elles n’en sont pas moins percutantes sinon pertinentes, de même que les dialogues. Ceci rend donc l’histoire non seulement facile à suivre, mais d’une dynamique presque cinématographique.

Le suspense est distillé avec maestria de sorte que le lecteur sans être frustré ne peut néanmoins se départir de l’envie de connaître la suite. L’intrigue est également bien ficelée, en ce qui me concerne, au trois quart du roman, je n’aurais pu deviner le dénouement. Premier constat donc, pour un premier roman, je trouve que Syven fait un sans-faute en évitant les écueils récurrents (descriptions trop alambiquées et inopportunes, rythme peu soutenu ou inégal, intrigue mal maîtrisée => Pourtant avec le nombre de rebondissements et de contingences, il y avait de quoi se casser les dents).

Sur le fond, comme je l’ai dit plus haut, l’auteur a su tordre selon ses désirs des mythes qui sont plus ou moins universels et de part ce fait a su profiter des sous-entendus et d’allusions pour créer un univers très riche et très réel.

Londres du XIXème siècle est également très bien rendu, avec cette ambiance haletante évoquant un Sherlock Holmes. Les différents protagonistes, à l’exception peut-être de lady Eileen (quoique après coup je conçois une telle personnalité par rapport à la tâche qui lui incombe, lol, mais shuuut on va pas vous spoiler la surprise), sont également crédibles sinon quelque peu archétypaux. Mais je pense que sur ce point, il n’y avait vraiment pas moyen de faire mieux avec une intrigue si fouillée et  le même nombre de pages. Je suppose que c’était un choix que l’auteur a dû faire, et c’est dans l’ensemble un pari réussi.

Pour résumer donc, je trouve que le roman est une véritable prouesse. Le seul bémol que je puisse émettre, et c’est vraiment une question de goût personnel. J’ai trouvé l’univers assez fataliste, et j’ai regretté le fait que les personnages humains, malgré leur fougue et leur énergie n’aient pas plus eu à offrir sinon à décider (l’éternelle question du destin et du libre arbitre) et cela m’a laissé quelque peu sur ma faim.

Mais encore une fois, vœu pieux, je ne serais pas mécontent de voir l’auteur refaire une incursion dans cet univers des gothans.

Note : 8/10

 


[1] Observateur passif

PS: Chapeau bas à Aurélien POLICE pour cette couverture simplement magnifique

Au-délà de l’Oraison Tome 1 – La Langue du Silence

jeudi 8 octobre 2009

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Au-délà de l’Oraison Tome 1 – La Langue du Silence

Auteur : Samantha Bailly

Éditeur : Les Éditions des Mille Saisons

Date de sortie11 avril 2009

Nombre de pages455

ISBN978-2-9182870-0-1

Visiter le site du livre

Avec la Langue du Silence, Samantha Bailly signe là un premier roman qui par bien des facettes est une véritable réussite. Pourtant les sujets traités ne sont guère des plus aisés (le commerce de la mort, la guerre, la religion). Et même si l’on se trouve dans un univers imaginaire et peut-être surtout parce qu’on s’y trouve, il ne faut surtout pas se leurrer à confondre ici fantasy et idyllique.

L’univers révélé de la plume de l’écrivaine regorge d’innombrables mystères, que celle-ci divulgue avec génie sans inonder le lecteur d’information superflue ou malvenue ni non plus le mettre à la diète. L’intrigue donc s’en trouve très commode à suivre sans toutefois paraître simpliste. Loin de là, d’ailleurs il suffit pour s’en convaincre de tenter de déceler les motivations des différents protagonistes, hommes et femmes de pouvoir.

L’autre point positif de ce livre qui touche toujours à l’univers est certes la magie ou plus précisément le système de magie que l’auteure y développe. Loin d’être omniprésent comme c’est souvent le cas dans les diverses œuvres de fantasy, il est discret et pas décortiqué jusqu’à l’extrême, ce mystère qui plane autour le rend à mon sens plus crédible encore.

Oui, le monde Ollien est crédible et je pense qu’il est même la réussite majeure de ce livre, on le découvre presque avec nostalgie tant il est si proche et si loin du nôtre.

Un très beau monde donc qui s’avère pourtant incompréhensiblement cynique, un univers que l’on dirait rendu triste par le comportement de ses habitants. Comme pourrait l’attester cet extrait :

Mylianne ne s’était jamais sentie aussi vulnérable de toute son existence. Où était Glenn ? Pourquoi ne venait-il pas la sauver, s’il l’aimait autant qu’il l’avait toujours prétendu ?

—  Quel âge as-tu ?

—  Trei.. treize ans…

—  C’est triste, le cadavre d’une jeune fille de treize ans.

P.22

Et ce monde me semble à l’image même de ses deux héroïnes qui allient de manière si étrange et paradoxale l’innocence et l’implacabilité.

Leurs réactions aux événements ne sont pas toujours évidentes à suivre ou à comprendre, par opposition à celles de certains personnages secondaires qui à mon sens semblent bien plus aboutis, tel par exemple le veilleur Orius.

L’ouvrage étant prévu en deux tomes, la fin du premier, tout en répondant à certaines questions, laisse une porte ouverte à une suite et conclusion prometteuse.

Note : 7/10