Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

Fantôme

15 novembre 2006

Inaperçue
Ma silhouette pâle comme la mort
Linceul froid, manteau de remords
Et seule la brise pour réconfort

Inattendue
La chaleur d’aimer qui m’habite
Torture poignante et insolite
Vestige d’une liaison décrépite

Inassouvie
La flamme brûlante qui m’attise
Mèche fiévreuse qui s’érige
Vie qui par delà la mort agonise

Inavouées
Ces paroles que je ne sais plus te dire
Mélancolies du pire
Ces tristesses qu’enfin j’arrive à lire

Inaccessible
La chaleur de ta peau d’albâtre
Ton sourire, étincelle des astres
Même la grisaille de tes larmes saumâtres

Mon cœur possède encore

7 novembre 2006

Mon cœur possède encore tant de place à remplir
Une immense citadelle aux portes grandes ouvertes
Ses chambres hautes et fières résonnent d’un long soupir
Lorsque, aride, souffle le vent de l’infinie perte

Et ce long carillon, preuve de ma solitude
Ne devrait pourtant pas changer ton attitude
Bienvenus sont tes joies, tes sourires et tes larmes
Ta présence bien-aimée qui console mon âme

Je voudrais que ces murs apprennent à nouveau ces choses
Les cris d’allégresse sublime et les éclats de joies
Que l’écho de la lointaine mer nourrisse la métamorphose
De cette bâtisse qui sous l’isolation ploie

Mon cœur possède des pièces emplies de sable vermeille
Et dont les battants rouillés ouvrent sur un passé-merveille
Ta venue espérée serait une invitation sans pareille
À définitivement laver cette nostalgie qui me veille

Mon cœur possède toujours une place éclatante
Pour cet amour sans tâche nourri à ton égard
Et ce trésor précieux, je crains qu’il ne s’égare
Dans les méandres du temps et de l’absence entêtante

L’errant

3 novembre 2006

Et le chevalier s’en fut, vacarme d’acier sur les pavés d’ardoise,
Laissant dans son sillage, poussières, ombres et chagrins
La bannière à son front témoigne d’allégeance courtoise
Qu’il oublie pour sauver le faible, la veuve et l’orphelin

Brumes, poussières et encre de Chine

22 octobre 2006

Il était certainement un fabuleux artiste
À l’image de tant d’autres, perpétuellement triste
De son esprit fertile à sa main trismégiste
L’art, exalté, coulait en un fleuve élitiste

Un soir, je le trouvais, dans la main une toile blanche
Le pinceau humide de l’encre extra noire
Le regard fasciné par l’amplitude du soir
Qu’il tentait de saisir en ce cadre étanche

« Le monde est un amas de brumes et de poussières
Un univers qui grouille de mille couleurs et sons
Pourtant je ne l’entrevois qu’en un contraste de tons
Je veux que ma toile blanche mêlé à ce calcaire

Témoigne de toutes les couleurs de l’arc stellaire
Je désire en un geste transcender l’univers
Limité par deux tons, deux couleurs, deux extrêmes
Je veux recréer les nuances, les poussières et les brumes »

Et il était triste, l’artiste
Car son ambition ardue
Lui échappait chaque fois
De quelque degré seulement

Terre d’Almor

16 octobre 2006

Sur le promontoire de la porte nord,
Je t’entends encore murmurer : « Amor. »
Et ta voix dans le matin sonore
Est un souvenir qui toujours m’honore.

Les matins enchantés de la cité lumière
Portent désormais hélas une succulence amère.
Perdre à jamais un être cher
Change un paradis en enfer.

J’erre sans fin sur la Terre d’Almor
À travers les ruelles des multiples cités
L’ombre de leurs tours et des minarets,
Une marque inlassable sur mon corps.

Un carrosse passe et m’éclabousse
Un vaisseau effleure ma crinière rousse
Un voleur habile qui me détrousse
Tels sont les aléas de la planète rousse

De pourpre et d’ambre, elle illumine l’espace ;
Point iridescent dans la nuit stellaire.
Elle annonce la vie, improbable menace
Sur le souffle gelé de l’univers grégaire.

Ainsi est ce tumulte dans mon cœur
Ton manque est un vide qui m’écœure
Ton amour est comme cette planète aux couleurs maures
La fragile, pourtant éternelle Terre d’Almor

Paradis

15 octobre 2006

Quand nous serons heureux, émus à satiété
Couchés sous un ciel bleu cependant étoilé
Dans nos regards, l’éclat du désir assouvi
Se pourrait-il de songer à nos anciennes vies ?

La question rhétorique vaut bien d’être posée
Car tous nous recherchons cette ultime volupté
Car tous nous œuvrons pour voir ce rêve accompli
Se pourrait-il des regrets, une fois aux paradis ?

Or ne sont-ils vrais, les soupirs du pèlerin,
Lorsqu’enfin arrivé, il regrette le chemin ?
Quoi donc privilégier, des moyens et des fins ?
Faut-il tout sacrifier en vue de nos desseins ?

Aussi comprenons tout d’abord notre propre désir
Considérons davantage nos potentiels plaisirs
Savourons les instants sur ce chemin de vie,
Le paradis de nos rêves peut-être est-il acquis…

Indicible – deux

4 octobre 2006

Perdu dans les ténèbres, de terreur frémissant
En cette sombre géhenne, victime d’angoisses primales
Des émotions fortes, effluves d’instinct bestial
Il tremblait tout d’effroi, de fureur, grimaçant

Il était aux abois, au bord de l’épuisement
Il était en folie, agonie vespéral
Bataillant vaillamment un ennemi viscéral
Ancré en son cœur, rythmé, palpitant

Il éprouvait ces choses que l’on sait indicibles
Qui s’impriment dans la chair autant que dans l’esprit
S’imprègnent dans vos sens de manière perceptible
Leur présence abominable à jamais s’y inscrit

Il le comprit tout à fait dès les premiers instants
Ses rêves de liberté et de gloire, dissipés
Il espérait tout juste s’en sortir même blessé
Le Mal qu’il combattait était le Léviathan

Inaccessible Rive

20 septembre 2006

Loin de l’inhospitalière rive, résolument je m’en vais
Fièrement je me détourne, sans un regard, lève l’ancre
Nettoie de mes veines meurtries, ton souvenir, cette encre
Que tu as patiemment infusée, en moi, gravée

Je m’éloigne fièrement ! En apparence
Je retiens avec peine les larmes qui menacent.
L’amour, le regret, la colère se ramassent
Se condensent, s’effritent, en récurrence

Et lorsque je me crois assez éloigné
Que je pense avoir enfin oublié
Ce rivage maudit, regretté, adulé

Sans miséricorde tu reviens empoigner
Ce cœur qui n’a jamais quitté l’emprise de tes mains
Sans miséricorde tu me fais croire à demain

Révélation onirique

19 septembre 2006

Sous un ciel d’ailleurs, léger et irisé
Se pavanaient gracieusement, faune et flore, de même
Sur un fond de montagne et d’obélisques antiques
Dans une parade géante, concours du Désiré

Je levais donc mes yeux, intégralement grisé
Admirant cette vision des plus allégoriques
Mon cœur était ravi ; mon âme énigmatique
Chavirait sans secours pour cette danse azurée

Sous ce ciel d’ailleurs, idyllique et nacré
Enfin je comprenais le vrai sens du sacré
Et alors que l’enchantement atteignait son zénith

Que la grâce qui en sourdait, véritable eau bénite,
Me transformait en l’un d’eux, êtres félicités
L’Ennemi, d’un seul geste, vint tout effacer.

Indicible

19 septembre 2006

Mal, très mal. Douloureux ! J’étouffe
Ca me ronge, ça me tue, à petit feu
Chaleur infernal, et ce rire obséquieux…
Ma chair se désagrège ! J’étouffe

Froid, très froid. Oublié, je m’endors
Ma mémoire des jours anciens fluctue, furtive
L’espoir, la haine, lentement, se cultivent
Solitude m’entoure, m’enterre, encore…

Vide. Vide odieux, vide brumeux, glacial,
Ardent, vide sépulcral, interstellaire
Dans l’immensité pénible enfin je me perds

Petit point éthéré dans l’Univers astral
Mon corps, sans doute, n’est plus à présent
Ni douleur, ni remords, rien je ne ressens