Ils sont souvent graves, d’humeur taciturne
Ils sont des artistes s’illustrant dans la mort
Ils aspirent à la force, à l’honneur sans remords
Ils aspirent aux hauteurs, tels des aigles nocturnes
Pourtant c’est dans le sang, dans la fange, dans les urnes
Qu’ils récoltent les trophées de leurs actes funestes
Dégustant, de la vie, la chair et le zeste
Acceptant volontiers l’héritage des runes.
Des temps anciens jaillit la mortuaire mélopée
Qui grave dans les âmes l’ultime épopée
Torturés ou jouissifs, ils suivent leur destinée
Sans états d’âmes, renouent un chant d’éternité
Faut-il de la bassesse pour que l’homme s’élève,
Et de l’abjecte souffrance pour atteindre l’extase ?
Faut-il donc tant de morts pour ressentir la vie,
Trouver notre repos, faire taire nos envies ?
L’un des leurs, ce soir, sur la plaine est couché
Le corps à l’abandon, mortellement touché
Quelque part dans le monde, loin de ce gris séjour
Certains êtres attendront, en vain, son retour