Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

Almée

13 août 2006

Sa peau lisse d’ambre saupoudrée d’aromates,
Luisante sous la chaleur agréable et légère,
Est objet d’attentions sous les feux séculaires
Témoins des temps antiques et de l’ère primate

Farouche, elle évolue comme en pleine cavalcade
Exécute les figures de pied et main d’expert
Le public, ému à l’excès, désespère
Et se poursuit la danse de la grande dame nomade

À elle-seule, Almée est une voix lancinante
Bien plus que la musique, elle reste fascinante
Elle se déhanche si bien, femme nombril du monde

Ses gestes alanguis, ses gestes énervés
Toute une histoire, un rêve, une sincère épopée
Elle parle avec son corps d’un langage qui abonde

****

Je pense à toi, Almée, involontaire pécheresse
Ton souvenir vivace me harcèle de tendresse
Par les nuits ténébreuses où ta présence altière
Me manque tel l’ardeur à ceux qui sont en bière

Je revois ton visage, véritable enchantement,
Aiguillon de mon cœur qu’il emplissait d’allégresse
Je revois les courbures de ton corps charmant
Et les ondulations qui m’emplissaient d’ivresse

Où es-tu donc allé, infante de l’Étrangère ?
Pourquoi m’avoir laissé, perdu dans le mystère ?
Mais ton pas est léger en danse comme sur la route

Tes idylles impétueuses, malheureusement courtes
Ont le rythme endiablé des récoltes de la Faucheuse
Pourtant point d’amertume, je t’aime ultime danseuse

Lion

13 août 2006

Son rocher se dresse, imposant et nacré
La savane à ses pieds, un jardin mélodieux
Et les arbres épars, des sujets silencieux
Il considère l’ensemble formant son bois sacré

Alors de lui s’empare une soudaine fierté
Il se met à rugir sur l’immensité
Geste délibéré affirmant sa primauté,
Les troupeaux innombrables justement effrayées

S’ébranlent lourdement dans cette ambiance nerveuse,
Satisfait de sa gloire il s’affale gracieusement
Songeant au repas que porteraient ses chasseuses.

C’est un être fier, orgueilleux apparemment
Mais sous ce caractère, terrible et séducteur
Se camoufle simplement un balourd au grand cœur

Rêverie d’’un écrivain au dessus de Bruxelles

13 août 2006

Du haut de mon immeuble, je regarde au lointain
Et l’horizon brouillé du milieu citadin
Ne m’empêche de rêver un apologue urbain
J’y vois un chevalier, un dragon, des lutins

J’y vois une douce perle, au profil aquilin
Un sort qu’elle reçut d’un horrible magicien
Et mine de rien voici que se dresse un destin
Et une quête plus agitée que ne fut celle de Merlin

La demoiselle en pleur, victime des gnomes taquins
Reçoit des vœux sincères de notre paladin
Il lui offre l’amour, lui promet le vaccin
Qui réduira, dit-il, l’horrible pic à vin

Elle le considère, et ne sait par quel moyen
Sur son haut destrier, l’homme écoutant l’instinct,
Et l’instant d’après, suivi de son larbin,
Survola la ville jusqu’aux bureaux européens

Comprenez, c’est un héros venu des rives du Rhin
Où le mythe d’Asgard point encore n’est éteint
Mais revenons à nos moutons, à la quête du vaccin
Aux bureaux européens et au dragon pharmacien

Il gardait, en effet, très jalousement l’engin
Permettant d’un seul clic, rassasié ou à jeun,
De briser tout sort malsain et son magicien.
Passons la lutte entre le dragon et le paladin

Comme dans toute bonne fable, il eut le mot de la fin
Emportant avec lui le fameux vaccin
Guérissant dulcinée et corrigeant lutins
Disparaissant au lointain sous un glorieux matin

Pardonnez le conformisme de ce lai citadin
Simple affabulation en plein milieu urbain
Au dessus de Bruxelles, une fois, un écrivain
Voulant passer son temps, but un peu trop de vin

Afrique

11 août 2006

Un soleil rouge se lève irisant l’horizon
Espoir renouvelé sur cette Terre des ancêtres
Emportée par la brise, une hirondelle allègre
Déchire le firmament, tel l’eau, un aviron

Cependant sous les roseaux, luxuriants et placides
Des jeunes soldats épient, les armes à la main
L’esprit empli de gloire, de parfaits lendemains
Le ventre affamé et le sourire acide

A quelque pas de là, quelques éclats de joie
Quelques nubiles sautillent au rythme d’une corde
Un vieillard, allongé sur un balancier, s’accorde
Un repos mérité, sous une profession de foi

Il y a de la misère, des pleurs et des tourments
Pourtant vivent les gens, les cœurs prodigues d’espoir
« Mange à ma table frère, goûte ce mets dérisoire
Oublie la poussière à tes pieds comme les tracas, un instant »

Un soleil rouge se couche irisant l’horizon
La savane, agitée, vit plus que de raison
Tandis que sous un baobab, un lion se repait
Et son mufle empourpré trouve enfin la paix

Rose

10 août 2006

La lumière scintille presque au rythme d’un cœur
Un parfum acidulé plane, ainsi qu’une insaisissable chaleur
Le fond sonore, trop léger pour être une musique, rythme
Les mouvements fluides de son corps gracile
Elle donne l’illusion de n’être point facile
En un sens, cela est vrai; cher est ce pantomime.
Elle est jeune, très belle; à elle seule, un mystère
Et je sais qu’elle s’efforce de tout son être à me plaire
Telles sont les vocations dans la maison Aisance
Et Rose, en cet instant, semble la meilleure de toutes
Sa main sur ma peau électrise mes sens
Toute innocence perdue quelque part sur la route
Son attrait, et surtout son allégresse factice
Ne me trompent sur la peur que je lis dans ses yeux
Une peur si profonde, désormais complice
Du supplice qu’est sa vie sous les cieux merveilleux
Pourtant c’est avec ardeur qu’elle m’incite au plaisir
Me fait croire qu’elle partage tout autant mon désir
Elle qui voudrait une fois encore être princesse
Avant que de battre son fragile cœur ne cesse
Je me laisse emporter dans son besoin farouche
Et pour un bref instant, fonctionne l’illusion
Grisé, languissant, allongé sur la couche
Je veux croire qu’elle est, de ma vie, la raison
Mais, au fond de moi, je sais une vérité sinistre
Sa peine fut si plaisante, et mon plaisir si pénible
Que je n’ose concevoir un autre soir ressemblant
L’amour ne devrait jamais être un faux semblant
Cependant le monde de Rose n’est pas un conte de fées
Et sa pauvre personne rien de plus qu’un trophée
Un gage accessible, et à si modeste prix !
Aujourd’hui, penché sur une stèle, je prie
Pour son âme esseulée, jadis prisonnière d’un corps
Qui connut tant de monde
Sans pour autant de la ronde
Profiter d’un quelconque réconfort
Pauvre personne, dis-je, ce n’est point vérité
Elle a donné bien plus que le monde ne méritait
La Rose n’est plus, tombés sont ses pétales
Et si son sang chaud ne fut celui d’une vestale
Je la pleure pourtant, même si peu s’en souviennent
Même si son affection n’était rien que chimère
Même si j’en garde un souvenir agréable et amer
Je la pleure en grande clameur dans mes veines
Même si elle n’était pas chaste, la Rose
Qui, en ce lieu triste et terrible, repose

L’Obstacle

10 août 2006

C’est une bête étrange venue du fond des âges
Et qui hante nos chemins à l’affût de nos peurs
Elle prise de ruiner, de nos élans, l’ardeur
Bagatelles sont, à ses yeux, nos ouvrages
Indolente, habile, acharnée et volage
Elle a besoin de peu pour nous mettre en pleurs
Chiant sur nos efforts, nos dégouts, nos fureurs
Tandis que tel un aigle elle astique son plumage
Et son regard, où la malveillance est pleine,
Est capable de réduire en statue de pierre
Antique et vorace, elle enlace tel un lierre
Pour elle est la joie, quand nos cœurs sont en peine.
Dans toute vie formant un triste spectacle
Acteur indispensable demeure toujours l’Obstacle

Le Livre de ma Vie…

6 août 2006

Ma plume humide tremble entre mes doigts noueux
Ces victimes d’une vieillesse éphémère et précoce
Mon cœur pleure sourdement dans sa fragile écorce
Lorsque, indécis, je spécule sur ce chemin boueux

Mes yeux fourbus s’irritent à ces relents brumeux !
Viscéralement je crains ce livre qui m’écorche
Ce chapitre où je mets le meilleur et l’atroce,
Où tant de choses apparaissent sous des traits ténébreux

Comment oser exhumer ces parchemins fangeux,
Où sans cesse se réitèrent des actes déplorés
Parmi le tumulte de mille passions explorées
Remous fragiles d’accomplissements nébuleux

Aussi assis auprès du feu je scrute les étincelles
Amours d’une existence farouche, irisée et pastel
Relèverais-je le défi et tout perdre peut-être
Dévoilant les arcanes qui ont fait tout mon être ?

Un Zeste

22 juin 2006

Juste quelques mots qui chantent, lamentables
Sur un air désuet dépourvu d’harmonie
Elles expriment cependant un sentiment enfoui
Pour toi, muse parfaite, que j’invite à ma table

Mais si malgré mes efforts, je reste pitoyable
Que chacun de mes essais irrite ton esprit
Et tous mes vocables te laissent inassouvie
Je m’essayerais à faire amende honorable

Car te plaire est mon désir éternel
T’aimer, un engagement immortel
Admirer ta sombre beauté d’ange

Dont l’exubérance est amour en vendange
Je n’en désire ne serait-ce qu’un zeste
Heureux je serais, même privé du reste

Le Rêveur

20 juin 2006

Plus jeune, j’avais des rêves, des ambitions
Je me voyais aller à la conquête du monde
Arrogant tel un chevalier de la Table Ronde
Plus jeune, j’y croyais à tort ou à raison

Plus tard, je persistais dans mes passions
Continuais de nourrir mes aspirations
Je savais que ce ne serait pas facile
Mais ne pas y croire restait plus difficile

Plus tard, j’ai enfin compris le monde
Et malgré mon esprit optimiste
Je ne pus finir qu’en homme triste

Trop tard ! Je me laisse emporter par l’onde
Et tous mes rêves à petit feu se meurent
Tant de promesses qui sourdement s’effacent

Eté

10 juin 2006

Lorsque les jours chauds arrivent enfin
J’aime songer aux errances estivales
Aux rues bondées d’êtres en cavales
Profitant du sursis de l’Hiver sans fin

Lorsqu’en ces jours le soleil domine
En mon cœur une lumière s’éveille
Et le chant d’amour qui alors sommeille
Résonne soudain d’une allégresse féline

D’émoi, de joie, je dévisage ces corps
Ces beautés qui se prélassent, indolentes
Je savoure de loin leur volupté latente
Ainsi me laisse emporter à raison ou à tort

Je me dis : c’est l’été et la saison des amours
Le temps pour moi de sortir faire ma cour
Cependant en mon cœur, sais que du givre
Seul ton corps bien aimé me délivre