Noveling Life

Univers D'Un Apprenti Conteur – Alsem WISEMAN

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Les univers de Fantasy

jeudi 11 février 2016

De mon expérience d’écriture dans l’imaginaire, je me souviens encore de la découverte de cette joie, cette exubérance de la création de nouveau monde.
Bien sûr le simple fait d’écrire est un acte de création qui ouvre la porte à d’innombrable possibilités, toutefois le genre imaginaire donne un sentiment en prime qui pourrait vite, si l’on n’y prend pas garde, s’apparenter à de l’ivresse. Tout de suite, vous vous dites sans doute que j’y vais peut-être un peu fort, non ?

Je m’explique : le fait de donner libre cours à son imagination sans nécessairement appliquer les contraintes du réel (de notre monde sensible) explose les possibilités d’une manière telle que cela peut donner le tournis. En cela sans doute réside la force, mais également la faiblesse du genre. Et cela, bien entendu engendre des écueils pour tout scribouillard de l’imaginaire qui se respecte.

À ce propos, je voulais justement m’intéresser à un phénomène particulier qui est ce qu’on appelle dans le jargon en anglais le « worldbuilding » traduit littéralement par « la construction de monde ». Je ne sais pas s’il existe un terme exacte en français, mais cela se rapporte au processus de création de l’univers dans lequel va évoluer l’histoire et les personnages qui font l’objet de notre récit.

J’ai découvert plus ou moins récemment trois écrivains anglo-saxons dont les livres m’ont réellement scotché, mais dont les « worldbuilding » ont joué un très grand rôle dans ma manière de les départager par rapport à la satisfaction personnelle que j’ai tirée de leur ouvrage.

Toute d’abord, Brian MCCLELLAN, avec sa serie Powder Mage Trilogy avec un concept assez originale de système de magie basé sur la poudre à canon. Chez Mclellan, le worldbuilding est sommaire, le récit est avant tout centré sur l’action et sur des personnages charismatiques dont les relations sont tout simplement explosives. Du coup, on a affaire à un style terriblement efficace, ici on ne s’attarde pas sur des descriptions éternelles de tel ou tel endroit, tel ou tel vêtement etc. Pourtant, le verdict est que je suis resté sur ma faim. On a manqué de frôler la perfection parce qu’il manquait justement une certaine profondeur au récit, parce qu’on est allé trop vite en besogne. Je n’ai pas eu le temps de sentir, de toucher, d’explorer de manière satisfaisante le monde dans lequel évoluaient les personnages. C’est un peu comme si on avait un film d’action génial construit sur un fond blanc, le décor n’étant pas suffisamment posé.

Ensuite avec Mark T. BARNES, on est dans l’autre « travers ». Au début, j’ai pensé avoir affaire à un xième émulateur de Tolkien. Ici le monde créé est foisonnant et on reçoit trop d’informations en un très court laps de temps. Cela affecte bien entendu le rythme du récit. Il s’agissait d’une trilogie, et terminer le premier tome a vraiment été difficile. Toutefois, en tournant la dernière page de la trilogie, Echoes Of Empire, je sentais déjà une forte nostalgie surgir en moi à l’idée de ne plus accompagner les personnages dans leurs aventures et leurs combats. Il résultait également autre chose, un peu moins subjectif si je puis dire, une impression de complétude, de cohérence face à cet univers que je venais de visiter et qui possédait une forte tangibilité parce que l’auteur en avait dévoilé plusieurs recoins et qu’on devinait que ce n’était néanmoins qu’un pan levé sur un monde plus vaste encore.

Enfin avec Brian STAVELEY, un autre Brian ^_^, et sa trilogie, Chronicle Of The Unhewn Throne, j’ai eu l’impression de trouver un équilibre par rapport aux deux approches que j’ai décrites plus tôt. Chez les trois auteurs, personne ne pêche en originalité, ni même en exploration des personnages, ni en intrigue non plus. C’est vraiment au niveau de l’exploration de leur univers, de la manière dont il le présente -que s’est fait la différence- : n’en dire presque rien, distiller au fur et à mesure les informations ou spammer le lecteur avec un torrent d’éléments.

Si j’ai le temps, je me pencherai prochainement sur la cohésion de l’univers du récit dans le « worldbuilding »

The Powder Mage Series – Brian MCCLELLAN

dimanche 14 septembre 2014

Je n’ai pas été aussi agréablement surpris en fantasy d’action depuis Brandon SANDERSON. Pour l’instant, il y a deux livres publiés Outre-Atlantique sur les trois de la trilogie, et je trouve que l’auteur a su trouvé le ton juste pour raconter son histoire.
L’intrigue est construite autour du Field Marshall Tamas, un haut gradé militaire qui, pour des raisons tout autant profondément personnelles que d’État, décide de mettre fin à l’ère monarchique pour établir une république.
Il va sans dire que cette révolution se déroulera dans le sang. Si cela ne répugne pas particulièrement au maréchal. Toutefois, l’homme puissant et ambitieux, qui croyait avoir tenu compte des imprévus pour se parer des incertitudes, sera contraint d’admettre qu’on ne peut pas en une nuit arriver à bout des intrigues multiples et diverses qui font la vie d’une cours.
On y retrouve donc une fantasy militaire qui serait très familière à ceux qui connaissent la série The Malazan Book of the Fallen de Steven ERIKSON, mais également et de manière assez surprenante pour moi, une espèce de polar grâce au personnage d’Adamat, un détective privé engagé par Tamas pour élucider quelques éléments de mystères.
La série se lit facilement, puisque l’auteur possède un style direct et très vivant qui plonge le lecteur directement dans le récit.
D’ailleurs j’ai lu les deux tomes d’une traite tant la continuité est évidente et l’histoire haletante. C’est vraiment une série qui vaut le détour. A cette heure, je ne sais pas si un éditeur français en possède déjà les droits et projette de le traduire.
Promise of Blood (The Powder Mage #1)

Promise Of Blood

The Crimson Campaign (The Powder Mage #2)

Crimson Campaign
Note: 8.5/10

Against All Things Ending – Last Chronicles Of Thomas Covenant – Stephen R DONALDSON

vendredi 17 août 2012

Voici quelques années que j’ai découvert l’univers de Stephen R DONALDSON et plus particulièrement celle des Chroniques de Thomas Covenant, et c’était pour mon plus grand bien car cela me changeait de la fantasy que je lisais alors (TOLKIEN, David GEMMELL, R.A. SALVATORE).

Ce qui m’a tout de suite frappé, étant apprenti écrivain, c’est bien sûr le style de l’auteur. Un style particulier que j’affectionne énormément même si je pense qu’il ne sera pas la tasse de thé de tout le monde. En tout cas, il ne laissera personne indifférent. D’ailleurs je suis tombé sur plusieurs critiques qui faisaient le même reproche à l’auteur, celui d’écrire dans un style cabalistique comme pour montrer ou démontrer qu’il en sait des choses : du genre il aurait une encyclopédie pour oreiller, ^_^

Néanmoins, par rapport au monde de Thomas Covenant, je trouve que son style sert particulièrement à l’histoire, et aide à créer une atmosphère de réalité féerique. Il arrive vraiment à mettre le lecteur dans un état d’esprit où il vit vraiment avec les personnages et les accompagne dans leurs pérégrinations.

Les Chroniques de Thomas Covenant s’étendent sur environ 30 ans d’écriture et formeront à leur conclusion dix volumes répartis comme suit:

  •  The Chronicles of Thomas Covenant the Unbeliever
    • Lord Foul’s Bane (1977)
    • The Illearth War (1978)
    • The Power That Preserves (1979)
  • The Second Chronicles of Thomas Covenant
    • The Wounded Land (1980)
    • The One Tree (1982)
    • White Gold Wielder (1983)
  • The Last Chronicles of Thomas Covenant
    • The Runes of the Earth (2004)
    • Fatal Revenant (2007)
    • Against All Things Ending (2010)
    • The Last Dark (sortie prévue 2013)

Ce qui est ironique, est que j’ai découvert l’univers de Thomas Covenant avec la sortie du premier tome des dernières chroniques (jusqu’ici ce sont celles que j’ai les moins appréciées). À l’époque je m’étais dit que pour bien faire les choses, je pourrais tout aussi bien commencer par le début. Je me procurai donc deux omnibus, regroupant chacun une chronique. Je les ai dévorés en moins de deux semaines…

Captivé par l’univers, où se déroule l’histoire nommé simplement « The Land » traduit par « Le Fief » dans la version française, qui joue presque le rôle d’un personnage à part entière et par l’anti-héros qu’est Thomas Covenant, j’ai de suite mis DONALDSON au rang de mes auteurs favoris. Il faut bien dire que la prémisse est intrigante, elle est d’ailleurs ainsi présentée dans le premier tome :

Un homme réel – selon les critères par lesquels nous définissons la réalité – se trouve soudain retranché du monde et transporté dans un environnement physique inconcevable : les sons y possèdent un arôme, les odeurs une couleur et un relief, les images une texture et les attouchements un timbre. Une voix désincarnée l’informe qu’il a été amené là pour devenir le champion de sa sphère d’origine. Il doit se battre en combat singulier contre le représentant d’un autre monde. S’il est vaincu, il mourra et son univers sera détruit parce qu’il aura prouvé son incapacité à survivre.

Le héros décide qu’on lui ment. Il affirme qu’il est en train de rêver ou d’halluciner et refuse de livrer un duel à mort en l’absence de danger avéré. Il se montre implacable dans sa détermination à réfuter sa position apparente et ne se défend pas lorsqu’il est attaqué par son adversaire.

Question : cet homme fait-il preuve de courage ou de lâcheté ?

Telle est l’interrogation fondamentale de l’éthique.

Lord Foul’s Bane – La Malédiction du Rogue

 Cela dit, même si je n’ai pas eu à attendre comme l’on sans doute fait les fans de la première heure pour découvrir les dernières chroniques. Je dois reconnaître que j’ai du mal à retrouver dans celles-ci les émotions qui m’avait traversé lors de la lecture des deux premières. On dirait que l’auteur manque de peu l’accès au sommet qu’il avait atteint avec les deux premiers opus. Pour l’instant Against All Things Endings se classe comme le moins bon de ceux qui forment les dernières chroniques, mais la fin était d’une si bonne qualité que je ne peux qu’attendre impatiemment la sortie du dernier tome. Et je garde l’espoir qu’il viendra assouvir mes attentes par rapport à cette histoire incroyable !

Pour ceux qui sont intéressés, il y a une très belle édition avec les trois premiers tomes réunis en un seul chez le Pré Aux Clercs : Les Chroniques de Thomas Covenant

Note: 8/10

 

Winds Of The Forelands – David B. Coe

vendredi 29 juin 2012

Comme cela fait longtemps que je n’ai plus donné de nouvelles sur ce blog, et comme ce sont les vacances qui commencent pour certains, je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée de partager des lectures que j’ai appréciées dernièrement.

Je vais commencer par l’auteur américain, David B. Coe puisque j’aime beaucoup sa manière d’écrire et ses intrigues, de plus dans quelques jours paraîtra un nouvel ouvrage de sa main (Thieftaker) dont les prémisses sont très intéressantes : Une espèce de Fantasy urbaine qui se déroule à l’époque des guerres civiles américaines. Pour s’en faire une idée, l’auteur a mis en lecture libre une nouvelle qui met en scène le protagoniste Ethan Kaile. L’histoire est située chronologiquement avant l’intrigue du livre principal à voir ici (in english bien sûr) A Spell Of Vengeance .

Pour en revenir à l’œuvre qui nous occupe, il s’agit bien sûr de Winds Of The Forelands, une série en cinq tomes que Pygmalion a une fois de plus démultipliée lors de la traduction => résultat: dix tomes dans la langues de Molière. Mais comme la série est déjà passée en version poche chez J’AI LU, il est possible pour ceux qui seraient tentés de la lire à un prix encore abordable.

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Dans l’Univers des Terres du Devant, il existent pour l’essentiel deux races humanoïdes les Qirsis et les Eandis. Les premiers, physiquement frêles, aux yeux dorés, à la peau très pâle et aux cheveux de neige, sont des sorciers, capables d’utiliser la magie, ils sont puissants dans leurs arts occultes mais possèdent une beaucoup plus courte espérance de vie comparée aux seconds, qui sont robustes et dont la population est beaucoup plus nombreuse. Ils forment d’ailleurs le gros du système féodale, et seul parmi les Eandis se trouvent les seigneurs des diverses cours qui composent ces terres.

Ce schisme sera la source d’une guerre à la fois longue, vicieuse et très meurtrière où les apparences ne sont pas toujours le reflet de la réalités et où les alliances se font et se défont au rythme des passions humaines. Au cœur de ce tumulte un forain Qirsi et jeune seigneur Eandi vont devoir former une alliance presque contre nature par rapport au contexte pour s’entredaider et peut-être aussi pour sauver les Terres du Devant du chaos qui le dévore graduellement.

Un vrai plus de la série, c’est le fait que, dans la version anglo-saxonne du moins, chaque tome fait effectivement un ensemble cohérent et complet. Tout en nous laissant dans l’envie de connaître la suite, il conclut néanmoins un chapitre de l’histoire.

On a comparé David B. Coe à G. R.R. Martin, probablement parce qu’il n’hésite pas à tuer des personnages principaux si cela sert l’intrigue, mais personnellement je trouve qu’il possède un style qui lui est propre et que j’apprécie tout autant.

 

Note global de la série : 7,75/10

 

Janua Vera – Jean-Philippe JAWORSKI

vendredi 1 avril 2011

Recueil de nouvelles

Janua Vera

ISBN : 978-2070355709

Auteur : Jean-Philippe JAWORSKI

Éditeur : Editions Gallimard (26 février 2009) – Collection Folio SF

Quatrième de couverture :

Né du rêve d’un conquérant, le vieux royaume n’est plus que le souvenir de sa grandeur passée… Une poussière de fiefs, de bourgs et de cités a fleuri parmi ses ruines, une société féodale et chamarrée où des héros nobles ou humbles, brutaux ou érudits, se dressent contre leur destin. Ainsi Benvenuto l’assassin trempe dans un complot dont il risque d’être la première victime, Ædan le chevalier défend l’honneur des dames, Cecht le guerrier affronte ses fantômes au milieu des tueries… Ils plongent dans les intrigues, les cultes et les guerres du Vieux Royaume. Et dans ses mystères, dont les clefs se nichent au plus profond du cœur humain…

Jean-Philippe Jaworski met une langue finement ciselée au service d’un univers de fantasy médiévale d’une richesse rare. Entre rêves vaporeux et froide réalité, un moment de lecture unique. Janua vera a été récompensé par le prix du Cafard Cosmique 2008.

 

Citations :

« Je n’ai jamais rêvé, » dit le Roi-Dieu.

D’un geste ample, il désigne le faste monumental qui l’entoure.

« Tout ce que j’ai souhaité, je l’ai réalisé. Je n’ai jamais rêvé. »

Janua Vera, p.28

 

«Vous souffrez d’une malchance exceptionnelle, surnaturelle, exemplaire, qui semble concentrer sur votre personne toutes les disgrâces les plus redoutées […] C’est une véritable bénédiction, les quatre Dieux en soient louées ! »

Janua Vera, p. 379

Mon avis :

Tout d’abord publié en grand format aux éditions les moutons électriques avant de paraître chez Gallimard dans la collection poche Folio SF, Janua Vera est un recueil de nouvelles particulièrement réussi.

Jean-Philippe JAWORSKI nous y invite à la rencontre de multiples personnages, bien différents les uns des autres par leur caractère comme par leur destin et/ou aventure.

Ces récits sont tout à fait indépendants et peuvent a priori se lire dans n’importe quel ordre sans que cela ne nuise au plaisir de la lecture.

Néanmoins, je ne peux que constater que c’est un recueil de nouvelles qui profite d’une rare cohésion. L’idée que ces histoires forment un ensemble est une question qui ne se pose pas. Et d’ailleurs, j’ai même eu l’impression que j’étais en face d’un roman, dont le personnage principal est ce Vieux Royaume, principe récurrent dans chaque nouvelle puisque c’est le lieu où se déroule l’intrigue, terreau fertile où chacun de ces récits trouve racine.

Et quelle description, l’auteur en fait ! On a l’impression d’y être tant les mots de l’auteur l’évoquent avec clarté, verve, truculence. Une sorte de poésie désuète exsude des pages, une rythmique de conteur nous emporte, et il en ressort au final un très agréable moment de lecture. Une expérience à la fois divertissante qu’enrichissante.

C’est de la Fantasy française comme personnellement je la préfère, qui s’en va puiser aux sources même des légendes et des mythes et non pas une ixième copie d’une aventure d’outre-Atlantique comme on en a vu malheureusement trop souvent ces derniers temps.

En définitive, que ce soit donc sur la forme comme sur le fond, j’ai été littéralement conquis par cet ouvrage et le style fleuri, méticuleusement agencé, de son auteur.

Note : 9/10

The Long Price Quartet – Daniel ABRAHAM

dimanche 17 janvier 2010

“We say that flowers return every spring” Dana said, “but that is a lie. It is true that the world is renewed. It is also true that the renewal comes at a price, for even if the flower grows from an ancient vine, the flowers of spring are themselves new to the world, untried and untested.

“The flower that wilted last year is gone. Petals once fallen are fallen forever. Flowers do not return in the spring, rather they are replaced. It is in this difference between returned and replaced that the price of the renewal is paid.

“And as it is for spring flowers, so it is for us.”

THE PRICE OF SPRING, p.347, Daniel ABRAHAM

Faisant écho à un article précédent de ce blog, vous parlant de mes envies de lecture, je viens vous présenter cette tétralogie d’un auteur que décidément j’affectionne, Sieur Daniel ABRAHAM. Et cela tombe bien puisqu’il se trouve que la traduction de l’œuvre en question existe maintenant dans la langue de Molière, de quoi ravir ceux qui autrement se seraient sentis frustrés (pour cause que l’anglais n’est pas leur tasse de thé ou de café ^_^), sous le titre Les Cités de lumière aux éditions Fleuve Noir.

Tout d’abord, les titres des quatre livres :

  • A Shadow in Summer (March 7, 2006) – La Saison de l’Ombre (Fleuve Noir, ISBN 978-2-265-08440-7, 2009)

ISBN 978-0765313409

  • A Betrayal in Winter (August 21, 2007)

ISBN 978-0765313416

  • An Autumn War (July 22, 2008)

ISBN 978-0765313423

  • The Price of Spring (July, 2009)

ISBN 978-0765313430

Ensuite, l’analyse de l’œuvre. En réalité, j’aurais voulu faire une analyse livre par livre, qui je pense aurait pu être encore plus pertinente en rapport au contenu, mais j’ai craint que faisant cela, je ne vous gâche le plaisir. Il est toujours un peu difficile de parler d’un coup de cœur, afin de donner envie, car le but bien sûr est de partager, sans pour autant en dire trop et garder intact le mystère d’un livre.

Aussi, est-ce la raison pour laquelle, j’ai choisi de faire court et vous parler de l’œuvre dans son ensemble, cela se justifiant également par le fait que les quatre livres font vraiment un tout indivisible, et que même si chaque chapitre amène des points de vue différents ainsi que de nouveaux personnages, l’idéal reste bien entendu de les lire selon l’ordre de leur parution, car il y existe bien un fil conducteur qui n’est autre que le personnage principal, Otah Machi.

L’auteur réussit avec brio à créer un univers cohérent et crédible, et surtout où la magie (l’art complexe de la maîtrise de ces êtres fabuleux, les andats) n’est pas un faire valoir pour sortir les héros des situations les plus désespérées.

Cette tétralogie, je la vois un peu comme un concert qui monte en puissance pour finir avec un final grandiose et qui justifient les attentes. C’est une fresque épique, intimiste, qui à ce jour encore, quelques mois après lecture, me laisse une profonde nostalgie.

Je pense qu’une fois de plus c’est le lyrisme de l’ensemble qui m’a touché. L’auteur a vraiment un talent pour les mots, pour exprimer avec justesse la complexité des sentiments humains. Ses personnages sont crédibles, multi-facettes, profonds, et cela sur presque tous les plans (humain, physique, mental). Et le fait que même les acteurs secondaires profitent d’un tel développement rend l’ensemble de son univers très vivant.

Comme un tisseur habile et patient, Daniel ABRAHAM élabore sa toile avec maîtrise et l’on sent au fil des pages l’exercice de l’excellence vers toujours plus d’excellence. La qualité de l’œuvre, si elle souffre des imperfections du premier roman — voire l’intrigue convolutée et quelque peu artificiel, diraient certains, du premier volume de la tétralogie —, est vraiment de très bonne facture, puisque les trois romans suivant viennent combler et même sublimer cet écueil.

Si l’on peut classer certainement The Long Price Quartet dans la branche Fantasy de la littérature, on réalise néanmoins tout de suite que le genre est pris à contre pied ou du moins que ses règles le sont. Ici l’action et la frénésie dans l’écriture ne sont pas primordiales, mais plutôt la portée des décisions prises par les intervenants à l’échelle des nations et de l’histoire, même les décisions plus triviales, du moins en apparence, même celles faites par des personnages d’a priori moindre importance.

Il explore une société inspirée du Japon féodal, en choc de culture avec une société ressemblant à l’Europe des Temps Modernes, triomphante dans ses technologies et conquérante.

Le choc sera en effet à la mesure des ambitions humaines, c’est dire : simplement terrible !

Si j’ai pu vous en donner envie avec ces quelques mots, alors n’attendez plus, courez vous procurer ces livres, je parie qu’une fois la lecture faite, vous ne serez pas déçus.

Note : 8,5/10



« Nous disons que les fleurs reviennent au printemps, pourtant c’est un mensonge. Il est vrai que le monde est renouvelé. Il est également vrai que ce renouveau vient à un prix, car même si la fleur croît d’une vieille branche, les fleurs du printemps sont elles-mêmes nouvelles au monde, ni avisées ou éprouvées.

« La fleur fanée l’an dernier est partie. Les pétales une fois tombées le sont pour toujours. Les fleurs ne reviennent pas au printemps, plutôt sont remplacées. C’est dans cette différence entre revenues et remplacées que se paie le prix du renouveau.

« Et comme il en est des fleurs du printemps, il en est de même pour nous »

Au-délà de l’Oraison Tome 1 – La Langue du Silence

jeudi 8 octobre 2009

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Au-délà de l’Oraison Tome 1 – La Langue du Silence

Auteur : Samantha Bailly

Éditeur : Les Éditions des Mille Saisons

Date de sortie11 avril 2009

Nombre de pages455

ISBN978-2-9182870-0-1

Visiter le site du livre

Avec la Langue du Silence, Samantha Bailly signe là un premier roman qui par bien des facettes est une véritable réussite. Pourtant les sujets traités ne sont guère des plus aisés (le commerce de la mort, la guerre, la religion). Et même si l’on se trouve dans un univers imaginaire et peut-être surtout parce qu’on s’y trouve, il ne faut surtout pas se leurrer à confondre ici fantasy et idyllique.

L’univers révélé de la plume de l’écrivaine regorge d’innombrables mystères, que celle-ci divulgue avec génie sans inonder le lecteur d’information superflue ou malvenue ni non plus le mettre à la diète. L’intrigue donc s’en trouve très commode à suivre sans toutefois paraître simpliste. Loin de là, d’ailleurs il suffit pour s’en convaincre de tenter de déceler les motivations des différents protagonistes, hommes et femmes de pouvoir.

L’autre point positif de ce livre qui touche toujours à l’univers est certes la magie ou plus précisément le système de magie que l’auteure y développe. Loin d’être omniprésent comme c’est souvent le cas dans les diverses œuvres de fantasy, il est discret et pas décortiqué jusqu’à l’extrême, ce mystère qui plane autour le rend à mon sens plus crédible encore.

Oui, le monde Ollien est crédible et je pense qu’il est même la réussite majeure de ce livre, on le découvre presque avec nostalgie tant il est si proche et si loin du nôtre.

Un très beau monde donc qui s’avère pourtant incompréhensiblement cynique, un univers que l’on dirait rendu triste par le comportement de ses habitants. Comme pourrait l’attester cet extrait :

Mylianne ne s’était jamais sentie aussi vulnérable de toute son existence. Où était Glenn ? Pourquoi ne venait-il pas la sauver, s’il l’aimait autant qu’il l’avait toujours prétendu ?

—  Quel âge as-tu ?

—  Trei.. treize ans…

—  C’est triste, le cadavre d’une jeune fille de treize ans.

P.22

Et ce monde me semble à l’image même de ses deux héroïnes qui allient de manière si étrange et paradoxale l’innocence et l’implacabilité.

Leurs réactions aux événements ne sont pas toujours évidentes à suivre ou à comprendre, par opposition à celles de certains personnages secondaires qui à mon sens semblent bien plus aboutis, tel par exemple le veilleur Orius.

L’ouvrage étant prévu en deux tomes, la fin du premier, tout en répondant à certaines questions, laisse une porte ouverte à une suite et conclusion prometteuse.

Note : 7/10

Lectures désirées et critiques à venir

lundi 22 juin 2009

En ce qui concerne l’Outre-Atlantique, j’ai ma petite liste sous la main des livres que j’attends impatiemment de lire:

La tétralogie de Daniel ABRAHAM dont j’ai déjà lu les trois premiers tomes, le dernier sortant cet été, j’attends d’en faire une critique d’ensemble :

The Long Price Quartet :

* A Shadow in Summer (March 7, 2006)
* A Betrayal in Winter (August 21, 2007)
* An Autumn War (July 22, 2008)
* The Price of Spring (forthcoming)

Je ne sais pas s’ils ont commencé à être traduits en français, mais pour ce que j’en ai déjà lu, c’est vraiment fantastique et j’espère que la fin sera à la hauteur de l’ensemble.

Puis viennent, le deuxieme tome de The Kingkiller Chronicles de Patrick ROTHFUSS, The Wise Man’s Fear, et le premier tome de la seconde trilogie (The Aspect Emperor) de R Scott BAKKER dans l’univers d’Eärwa, The judging Eye.

Du côté francophone, m’étant rendu compte qu’en dehors de fanzine, blog et BD, je n’ai pas lu beaucoup de livres SFFF francophones, je me suis préparé une petite liste fort sympathique:

Arachnae, de Charlotte BOUSQUET

Djeeb le Chanceur, de Laurent GIDON

Au-délà de l’Oraison – La Langue du Silence, Samantha BAILLY

Le sacrifice du Guerrier, Jacques MARTEL

sdg1.jpgLe sacrifice du guerrier t2

Lectures désirées et critiques à venir

lundi 22 juin 2009

En ce qui concerne l’Outre-Atlantique, j’ai ma petite liste sous la main des livres que j’attends impatiemment de lire:

La tétralogie de Daniel ABRAHAM dont j’ai déjà lu les trois premiers tomes, le dernier sortant cet été, j’attends d’en faire une critique d’ensemble :

The Long Price Quartet :

* A Shadow in Summer (March 7, 2006)
* A Betrayal in Winter (August 21, 2007)
* An Autumn War (July 22, 2008)
* The Price of Spring (forthcoming)

Je ne sais pas s’ils ont commencé à être traduits en français, mais pour ce que j’en ai déjà lu, c’est vraiment fantastique et j’espère que la fin sera à la hauteur de l’ensemble.

Puis viennent, le deuxieme tome de The Kingkiller Chronicles de Patrick ROTHFUSS, The Wise Man’s Fear, et le premier tome de la seconde trilogie (The Aspect Emperor) de R Scott BAKKER dans l’univers d’Eärwa, The judging Eye.

Du côté francophone, m’étant rendu compte qu’en dehors de fanzine, blog et BD, je n’ai pas lu beaucoup de livres SFFF francophones, je me suis préparé une petite liste fort sympathique:

Arachnae, de Charlotte BOUSQUET

Djeeb le Chanceur, de Laurent GIDON

Au-délà de l’Oraison – La Langue du Silence, Samantha BAILLY

Le sacrifice du Guerrier, Jacques MARTEL

sdg1.jpgLe sacrifice du guerrier t2